Gaspesia

La Gaspésia renaît de ses cendres

Après plus de deux ans de négociation, un consortium a été créé et a investi les 465 millions nécess

Presse canadienne

Le Devoir

Le mardi 18 décembre 2001

Chandler - Il aura finalement fallu 465 millions d'investissement en argent public et privé, beaucoup de détermination et de longues heures de négociation pour sauver l'usine Gaspésia de Chandler et redonner ainsi espoir à toute la Gaspésie.

En annonçant la bonne nouvelle aux 500 travailleurs et intervenants socio-économiques de la région, hier, tous entassés dans l'auditorium de la polyvalente de Chandler, le premier ministre Bernard Landry, accompagné des sept membres du Comité ministériel spécial de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, a insisté sur la grande solidarité de tous les Québécois derrière ces Gaspésiens victimes de déboires économiques depuis 1998.

"Ce que nous faisons aujourd'hui, a lancé le premier ministre, représente une grande célébration gaspésienne. Mais il n'y a pas de doute non plus que cette journée est une grande célébration québécoise, parce que les malheurs qui se sont abattus sur les Gaspésiens ont plongé tous les Québécois dans la tristesse et, surtout, dans un fort sentiment de solidarité."

Après plus de deux ans de négociation, d'échecs et de mauvaises nouvelles, un consortium a été créé et a investi les sommes nécessaires à la relance de l'usine. Il est composé du Fonds de solidarité des travailleurs de la FTQ (70 millions); de la Société générale de financement, division Rexfor (35 millions); de Tembec (35 millions); du gouvernement d'Ottawa (80 millions) et celui du Québec (153 millions), y compris la part de 58 millions de Société la Inno-Pap.

La nouvelle usine modernisée, qui produira des produits de papier de haut de gamme devrait commencer à fonctionner au plus tard en mai 2004 et fournira des emplois à 265 travailleurs.

D'ici l'ouverture officielle, plus de 600 personnes travailleront au réaménagement de la nouvelle usine évaluée à 465 millions.

"Le dénouement pour la Gaspésia, a souligné le premier ministre, doit présager du dénouement que vivra la Gaspésie tout entière et il est dû aux travailleurs compétents et efficaces qui ont été frappés par ce malheur et à leur chef syndical Denis Luce qui attache pour toujours son nom au mot solidarité."

Le président et chef de la direction de Tembec, Frank Dottori, sait que le projet de la Gaspésia, "hautement technologique" et avant-gardiste, est risqué, mais il pense que tout ira bien. "Il y avait beaucoup de choses à régler, a-t-il dit, il a fallu déployer beaucoup d'efforts pour arriver à une bonne entente et on est convaincu que c'est un bon projet hautement technologique, comportant toutefois beaucoup de risques, mais on demeure convaincu qu'on va réussir."

À la Société générale de financement (SGF), le président Claude Blanchet considère que ce projet, dans lequel il a autorisé une participation de 70 millions, "sera un stimulant de premier ordre pour la région".

"Le projet, a-t-il affirmé, s'inscrit parfaitement dans la mission de SGF-Rexfor qui est d'appuyer des projets respectant les principes d'innovation, de partenariat et de développement régional structurant."

Le représentant du Fonds de solidarité (FTQ), Guy Versailles a lui aussi parlé de survie à long terme et de l'indispensable collaboration des travailleurs. "Le projet, a-t-il dit, permet à toute une région d'envisager l'avenir avec une plus grande confiance."

Mais tout n'est pas réglé en Gaspésie puisqu'on vient tout juste d'annoncer la fermeture de la fonderie de la ville minière de Murdochville. Le premier ministre Landry a dû réitérer son engagement de poursuivre la bataille de la Gaspésie.

"Il y a ce malheur supplémentaire à Murdochville et déjà mes collègues sont à l'oeuvre. Il y aura sûrement d'autres beaux jours", a-t-il souligné.