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Équité salariale: Bell Canada subit un revers en Cour fédérale

La facture pourrait s'élever à 150 millions si la décision n'est pas renversée par la Cour suprême

Gérard Bérubé

LeDevoir. Le vendredi 25 mai 2001

Bell Canada a perdu une importante bataille dans ce long contentieux sur l'équité salariale l'opposant à ses quelque 22 000 employés. L'instance d'appel de la Cour fédérale a reconnu hier la pertinence, contestée par Bell, du Tribunal canadien des droits de la personne dans ce différend. Cette décision, si elle n'est pas renversée en Cour suprême, pourrait imposer à Bell le versement de compensations évaluées à 150 millions.

Ce jugement devrait également faire jurisprudence en matière d'équité salariale en reconnaissant l'autorité du Tribunal canadien des droits de la personne sur les questions de cette nature. Ce tribunal avait, notamment, rendu une autre décision de portée générale en reconnaissant, le 2 août 2000, que l'Université Laval violait les règles de l'équité salariale avec sa double structure de rémunération pénalisant les employés de bureau, des emplois à prédominance féminine. Cette décision était susceptible de s'étendre à toute entreprise et institution recourant à cette double structure de rémunération différenciant les emplois équivalents à prédominance féminine ou masculine.

L'instance d'appel de la Cour fédérale a renversé, hier, une décision rendue le 3 novembre dernier par cette même cour se rendant à l'argumentaire de Bell. Le géant de la téléphonie prétendait alors qu'il ne pouvait aspirer à des audiences équitables et impartiales devant le Tribunal canadien des droits de la personne dans son différend portant sur l'équité salariale. Ce contentieux oppose, depuis près d'une décennie maintenant, Bell à quelque 4000 téléphonistes et 18 000 employés cléricaux, en majorité des femmes.

Les premiers sont représentés par le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP) et les seconds, par l'Association canadienne des employés de téléphone.

Un porte-parole de Bell n'a pas voulu, hier, préciser si l'entreprise allait s'en remettre à la Cour suprême, précisant que la décision allait être étudiée plus à fond avant d'annoncer la suite des événements.

Selon les conclusions d'une étude conjointe patronale-syndicale effectuée au début des années 1990, la décision d'hier, si elle n'est pas contestée par Bell, pourrait lui coûter des indemnités de 150 millions. Dans une tentative de règlement, Bell Canada avait, en 1999, offert des compensations totalisant 60 millions, une somme rejetée par les employés parce que insuffisante à leurs yeux. Les employés de Bell comptent sur des augmentations d'environ 10 %, rétroactives à 1992, ce qui porterait leurs salaires à un niveau équivalent à celui des techniciens.