Noticebiographique

Biobibliographie

Pierre Demers

Chapitre 2

Notice biographique

(Rédigé en 1995, dernière révision : 1998)

L'usage dans la vie universitaire et le besoin d’un chercheur voulant poursuivre sa carrière me conduisent à mettre à jour et à publier ma bibliographie. Je souhaite que mes contemporains puissent ainsi mieux connaître mes travaux et les examiner critiquement, pour leur profit comme pour le mien. Rétrospectivement, je reconnais, avec un certain étonnement, que je n’ai pas pu m’empêcher, depuis fort longtemps, d’écrire, de m’exprimer en public et de faire paraître mes idées et mes recherches, dans le désir d’innover, de rendre service aux autres et de communiquer avec ceux qui m’entourent. La première entrée que je trouve à y inscrire est un article livré en 1930 à la revue qu’animait mon ami et confrère d’études, Claude Hurtubise, devenu depuis ce temps le fondateur de la maison d’édition HMH, encore en pleine activité de nos jours sous une direction renouvelée.-Je dois beaucoup à l’exigence de mon père, jamais satisfait de mes résultats, qui me disait sans cesse que je pouvais faire mieux et davantage.

Il était temps que je me mette à l’oeuvre, délaissant d’autres activités, afin de faire l’ordre dans mes documents. La dernière liste de mes travaux datée du 22 janvier 1980, peu avant ma retraite de l’Université de Montréal; comprenait 528 entrées, toutes appuyées par les documents mentionnés, qui occupaient une trentaine de cahiers à anneaux. Auparavant, Mme Suzanne Chabot-Savoie avait fait un inventaire attentif et raisonné de mes travaux, constituant son mémoire, déposé en 1962, pour l’obtention d’un grade à l’École des bibliothécaires de l’Université de Montréal. Cet inventaire avait 142 entrées. La présente mise en ordre énumère plus de 1000 entrées.

Dira-t-on que c’est une solution de facilité? le présent répertoire est organisé année par année, avec une évidente intention auto-biographique. Solution de simplicité et de rigueur scientifique, car la date d’un document et le nom de son auteur constituent des éléments d’identité indéniables et sans équivoque lorsqu’il s’agit d’un repérage bibliographique. Je laisse à d’autres, s’il s’en trouve, le soin d’y établir des classifications par nature des entrées et par thème, classifications évidemment valables mais dépendantes d’un choix sur les catégories et leur nomenclature.

Je constate la diversité de mes travaux et il est naturel que j’en fasse état ici, s ans complaisance ni excuses. Diversité et fidélité s’opposent, autant que les notions de principe et d’opportunisme. Dans la conduite de chacun, ne faut-il pas balancer de jour en jour entre l’adhésion aux principes et la nécessité des compromis? Aussi je livre quelques commentaires sur mon cheminement.

Mon choix de carrière était décidé dès mon retour de France en 1925 : je serais un homme d’études et un scientifique. Du côté de mon père, une tradition de technique et d’innovation était établie depuis fort longtemps: forgeron, maréchal-ferrant, carrossier. Mon père a laissé une bibliothèque considérable. Du côté maternel, existait une tradition de service, dans laprofession médicale d’Ernest Legris qui s’exila pour rendre service aux Canadiens pauvres émigrés en Nouvelle-Angleterre. J’admirais l’oncle maternel Jean Legris, remarquable par ses études et son sens des affaires, ingénieur, actuaire, avocat et fonctionnaire expert. Je remarque aussi Hormisdas Legris, frère de mon grand-père, sénateur et maire en même temps qu’agriculteur. Des deux côtés, je trouvais un souci d’étude, d’instruction et de dignité. En revoyant mes livres de jeunesse (de nos jours on ne lit plus autant, le petit écran accapare les jeunes, même l’Ile au trésor de Stevenson leur est livré en un vidéo de moins d’une heure) je crois que l’influence déterminante fut celle d’un écrivain français, qui gagnait sa vie en écrivant roman après roman, qui a imaginé et mis sur papier Vingt mille lieues sous les mers, La chasse au météore. Ce romancier nantais, Jules Verne, mort en 1905, ami des savants et de Charles Rimbaud, a enflammé l’imagination de plusieurs de ma génération, et je fus l’un d’eux.

Aventure à tenter, que celle d’une carrière dans les sciences, alors que mes confrères les plus ambitieux choisissaient le droit, la médecine, le clergé. La singularité de mes plans, raillée par quelques uns, s’est avérée plus profitable et intéressante que les sages mes contemporains ne le croyaient. Mon jugement sur ma propre conduite d’alors serait une leçon de confiance dans l’avenir et dans la marche inévitable de l’humanité vers le progrès. Je fais mienne la réflexion de Malraux, homme de pensée autant que d’action : l’homme se survit par ses oeuvres. Réflexion profondément évangélique, malgré la prétention de son auteur à une totale laïcité.

Fig. 1 1860-1894 magasin, atelier de forge et de maréchal-ferrant de Pierre III Demers, aux Nos civiques 347 et 349, côté nord de la rue Notre-Dame ouest, Montréal. À gauche une femme non identifiée (peut-être Hélène La Durantaye 1841). À droite Pierre III, et deux hommes, probablement ses employés. La famille vivait au dessus du magasin. Lieu natal d’Alfred I, qui fut associé à ce commerce de 1903 à 1922. En 1894, le magasin fut démoli à cause de l’élargissement de la rue et reconstruit à quelques pas de là. Cet emplacement est situé approximativement en face des rues Murray et Éléanor s’étendant vers le sud, l’une d’elles s’appelait Bruchési selon mon souvenir. En 1949, nouvelle démolition, pour permettre l’expansion de la cour du chemin de fer asociée à la gare Bonaventure. Vers 1975, les voies ferrées ont été enlevées pour faire place à la construction. De cet emplacement, encore vacant en 1995, on aperçoit le Planetarium non loin. - La pittoresque enseigne est évocatrice des technologies de l’époque : une hache pour le bois et une enclume pour le fer. Remarquez l’affichage en anglais, jugé opportun dans le Montréal d’alors. Montréal avait 90000 habitants en 1860.

Ionographie

S'il me faut plaider que je fus fidèle, je demande au lecteur de feuilleter les pages énumérant mes activités en ionographie, commencées en 1945 par une étude sur le spectre énergétique des neutrons et arrêtées en 1979 sur des leçons à Rawalpindi. Leur début fut déterminé par des conseils reçus en 1939-1940 de Frédéric Joliot et de Hans von Halban au Laboratoire de synthèse atomique à Ivry, qui voyaient dans une telle orientation une continuation de mes intérêts en chimie à la fois et en physique nucléaire. Pendant près de vingt ans, le détecteur ionographique, tel que je l’ai renouvelé, a été à l’avant-garde des progrès de la physique des particules, basés sur la détection du rayonnement cosmique. Mes collaborateurs et moi-même y avons participé, avec la publication de plusieurs travaux en français. Après cette époque, il devint évident que les études physiques utilisant ce détecteur n’avaient d’intérêt qu’en liaison avec de grands accélérateurs, accessibles dans de "grands laboratoires internationaux", d’où l’usage du français était banni. Mon intérêt envers l’ionographie diminua. De plus, l’ionographie cessa d’être un instrument privilégié dans ces études, à cause de la réalisation de chambres à détente et à étincelles encombrantes mais désormais praticables à cause de la réalisation terrestre de hautes énergies

Ionographie et photographie utilisent des techniques étroitement apparentées, et j’ai entretenu sans relâche l’espoir d’établir une collaboration industrielle. Pendant un temps, j’ai eu des contacts avec Direct Film, étonnante création et étonnant succès d’un Montréalais d’adoption, Belge d’origine Adrien Cordelier. Mais la toute-puissance de l’omni-présente industrie de Rochester aux États-Unis, associée au secret des procédés de fabrication favorisée par la noirceur des chambres noires où l’on manipule le très sensible bromure d’argent, a eu raison et de Direct Film et de mes plans. Du moins ai-je pu vivre, grâce à mon épisode ionographique, une expérience humaine sans pareille d’enseignement et de recherche, qui m’a valu des contacts et des échanges durant 35 ans avec des compatriotes du Québec et avec des visiteurs et correspondants de plusieurs pays d’Amérique, d’Europe et d’Asie.

Couleur

À la recherche de la diversité, je trouvai, en 1973, la perception colorée comme nouvel objet de mes recherches scientifiques. Je voudrais plaider encore une fois la fidélité ou du moins une mesure de celle-ci, et de continuité.

L’ionographie recourt d’une part aux procédés physico-chimiques de préparation et de développement de la chambre sombre pour obtenir les détecteurs sous la forme de plaques, et d’autre part aux procédés lumineux de l’observation de ces plaques sous le microscope optique. L’observateur, dans les procédés habituels, aperçoit des traces, formées de microcristaux d’argent développé, lui paraissant noires sur fond brillant. Un collègue imaginatif proposa que ces traces pourraient être en couleurs au lieu de neutres, et que ce serait un progrès, aussi bien que le passage de la photographie du blanc et noir à la couleur. (D’autres collègues imaginatifs ou pince-sans-rire ont proposé un progrès dans l’onirologie : désormais, dédaignant les rêves en noir et blanc, il faudrait se décider à rêver en couleurs...). Prenant la suggestion très au sérieux, j’ai trouvé un moyen de réaliser ce passage pour l’ionographie. Peu de personnes - aucune à ma connaissance, ont répété mes résultats ou voulu leur donner une suite et une application.

Et c’est ainsi que j’ai versé dans la couleur, que j’ai entrepris pratiquement une nouvelle carrière, celle de théoricien-coloriste. Commencée en 1973, je la poursuis de mon mieux en 1995. Elle m’a permis de renouer avec des intérêts de sources foncièrement québécoises envers la biologie, que Marie-Victorin et Georges Préfontaine suscitèrent en moi à l’époque des pionniers de la science chez nous. Elle m’a permis de réaliser une certaine continuité dans mes recherches, au moment de ma retraite en 1980 qui me privait de ce qui est essentiel pour un expérimentateur, l’accès à un laboratoire. Elle m’a permis de découvrir le monde des coloristes, y compris les artistes de la couleur et des autres arts plastiques, et cette discipline admirablement animée, sinon créée, par le Dr Francis Collot en France, qu’il a appelée bio-mathématique.

Cette carrière de coloriste m’a révélé une fois de plus l’étendue de l’invasion politico-linguistique de la langue anglaise, englobant le domaine de la couleur avec ses aspects artistico-culturels, en plus du domaine des sciences physiques.

Une autre révélation dans le cours de cette carrière fut l’extraordinaire opposition de la quasi-totalité de mes collègues physiciens envers mes essais de rapprochements de la physique et de la biologie humaine à l’intérieur d’un cadre mathématique et philosophique. Je pourrais en dire presque autant de mes collègues biologistes, qui ne vivent pourtant pas au même étage que les physiciens dans la cité du haut-savoir et qui par conséquent pourraient me regarder sous un angle différent. Anciens et nouveaux, ces collègues, d’ici ou de l’étranger, sont unanimes dans leurs refus. Révélation pour moi et surprise, leur comportement me paraît du plus grand intérêt pour le philosophe des sciences et l’historien, et son analyse me conduit à envisager les questions des droits fondamentaux, de la liberté de la recherche et de l’expression, à proposer les hypothèses de l’intransigeance des spécialistes et de la courte vue des gestionnaires dans la république de la science. Elle me conduit aussi à invoquer certaines propositions de Bachelard, à remonter aux querelles sur les idées scientifiques de Goethe, de Newton et de Fresnel, à l’histoire de Galilée, Képler et Copernic, et plus récemment, de Balmer et de Béguyer de Chancourtois.

Droits fondamentaux

J' donc rencontré les droits fondamentaux sous le signe de la couleur, de la privation d’un laboratoire, de la sujétion mondiale à l’usage de la langue anglaise. Autre surprise, je les ai rencontrés dans la vie municipale là où j’ai finalement réussi à devenir propriétaire terrien en 1963.

Après 28 ans de vie municipale paisible à Saint-Laurent où je retrouvais le village habité par mes ancêtres Minguy Lachaussée, Gladu, Bouin Dufresne, Vernier et Dubois à partir des premières années du XVIIIe siècle, j’ai dû faire face depuis 1991 à une campagne systématique entreprise par la municipalité contre moi, invoquant subitement des réglements vagues sur les nuisances et l’environnement, le tout sur l’instigation d’un voisin qui prétend régenter ce qui se passe chez moi, y compris mes aménagements artistiques et éducatifs. (N. B. Le voisin en question a des options politiques différentes des miennes).

J’ai ainsi été forcé de livrer une bataille juridique que je m’efforce, avec le secours de mon avocat Me Luc Trempe, de tourner au bénéfice du respect de la propriété individuelle, de l’écologie (je fais du compost et j’entretiens un jardin botanique), et de la liberté d’expression. Cette conjoncture pénible, drolatique à certains égards, m’a donné l’occasion de rencontrer de distingués appuis émanant de sources multiples, entre autres du milieu artistique. Elle a permis jusqu’ici d’obtenir un jugement de cour affirmant l’illégalité d’un réglement municipal invoqué contre moi et elle devrait conduire à une réforme profonde des réglements municipaux abusifs concernant les ineffables nuisances et l’inspection arbitraire. J’espère obtenir excuses et réparations de ceux qui m’ont harcelé de la sorte sans raison.

Usage de la langue française et indépendance

On reconnaîtra que j’ai commencé très tôt à exprimer mon attachement à la culture française et à l’emploi de la langue française. Dans la communauté scientifique de la physique puis dans celle de la couleur, j’ai pu apprécier le degré de sujétion de toutes les cultures par rapport à celle des parlants anglais. Cela m’a décidé, peu après les premiers succès du Parti Québécois, marquant le début d’une marche vers l’indépendance du Québec, à entreprendre une action. Celle-ci est basée sur l’écriture, l’éducation et l’organisation, et se propose de promouvoir l’usage scientifique du français et des autres langues nationales devant la montée mondiale de l’anglais dans l’université autant que dans les affaires et la politique. C’est ainsi que je préside actuellement la LISULF (Ligue internationale des scientifiques pour l’usage de la langue française), création québécoise qui a ses ramifications en France et ailleurs, et que je prépare un 51e numéro du périodique Science et Francophonie.

Ce besoin d’action m’a conduit à examiner de près l’immigration historique qui a constitué en 235 ans, autour du Québec, dix gouvernements tous majoritairement anglophones et tous opposés aux aspirations du Québec. Dans l’optique de cette immigration, l’affirmation du Canada prétendant être une puissance démocratique est du cynisme et de la désinformation. Il faudra l’affirmer au grand jour maintenant que le référendum révélateur a eu lieu, le 30 octobre 1995, afin que le monde entier sache quelle identité et quelle confiance il convient d’accorder à ce Canada anglophone de 21 millions d’habitants, résultat d’une immigration frauduleuse.

Autre aspect d’un engagement personnel à l’appui des droits fondamentaux. Cette fois il s’agit du droit de vivre pleinement sa vie après 65 ans. Je suis en litige auprès de l’Université de Montréal, qui m’a mis à la retraite à 65 ans contrairement à sa propre loi, la Charte émise en 1967 par le Québec. et contrairement à la loi du Québec interdisant la mise à la retraite automatique pour raison d’âge adoptée sur les entrefaites. L’Université s’appuie sur un jugement contraire à la Charte de la langue française (Loi 101 du Québec), charte inopérante devant les tribunaux à cause de leur soumission au pouvoir fédéral d’Ottawa. Mon succès final dans cette affaire ferait jurisprudence pour le respect des lois autant que pour le respect de la vie humaine. L’autorité du Québec sur son territoire s’en trouverait confirmée.

Affaires

Je me présente comme chercheur et éditeur (PUM), entrepreneur privé ayant droit de déduire dans le calcul de son impôt les dépenses que je fais dans "l’expectative" d’un profit. La durée pouvant séparer l’exécution d’une recherche et l’exploitation profitable de ses résultats a été estimée par Revenu Québec à 5 ans. Je leur ai représenté que cette durée, aussi bien que pour des entrepreneurs publics et pour les GME est très généralement plus longue et que le profit à espérer d’une recherche, surtout si elle est de nature fondamentale, va le plus souvent à d’autres qu’au chercheur. J’escompte à ce propos bénéficier de l’appui d’un comité universitaire. La reconnaissance ouverte de ces principes pourrait signifier un apport accru à la recherche et à la découverte de la part de chercheurs individuels, professeurs à la retraite ou non, qui jusqu’à maintenant ne se sentent pas encouragés à réaliser les plans de recherche qu’ils peuvent avoir en tête. Cela serait un bienfait intellectuel et économique pour tous.

J’ai édité un certain nombre d’ouvrages, en plus d’assurer la publication périodique de Science et Francophonie. J’offre mes services comme conférencier et je suis présentement à contrat au service de la LISULF.

Famille et généalogie

"Terre de nos aïeux", dit la chanson sur les airs d’une flûte enchantée... "Tu honoreras ton père et ta mère", lit-on sur la table des commandements mosaïques. L’attachement à la terre des aïeux et la vénération des ancêtres sont à la base de toute dignité humaine. Aussi ai-je estimé approprié d’inclure dans cette biographie les éléments de ma généalogie que j’ai pu découvrir, touchant de nombreuses lignées et d’intérêt historique général. Cela a été possible à cause des soins attentifs de nombreuses générations, ayant pris racine dans la terre québécoise, soucieuses des titres de noblesse terrienne qu’elles voulaient assurer à leur descendance.

L’identité d’un Québécois et d’un Canadien Français est incomplètement définie s’il ne possède pas son arbre généalogique. Mes grands parents s’appelaient Demers, La Durantaye, Legris et Desrosiers et ils vivaient au Québec. Je suis fier des souches ancestrales que je possède et que j’ai reconnues, la plupart modestes, quelques unes illustres, qui ont toutes eu, quant à moi et aux miens, le mérite immense de nous avoir transmis la vie. Certaines remontent au 16e siècle et à 14 génération au dessus de ma personne, à celle qui compte 16384 personnes. Les pays d’origine de ces souches sont principalement la France, puis le Haut-Canada, les États-Unis, l’Irlande, la Suisse et l’Allemagne. Il est fort possible que j’aie une souche amérindienne. La liste des patronymes rencontrés dans les générations successives établit qu’il existe des centaines de relations évidentes d’origine commune avec des compatriotes mes contemporains. Une fois de plus, il apparaît que les Québécois de souche forment une immense famille dont les membres ont toutes raisons de se sentir solidaires les uns les autres : "On est 6 millions, faut se parler"!

Voyez l’Annexe I Chapitre X.

Nofes socio-politiques

Mon divorce a été un signe avant-coureur, en 1967, de la libéralisation des moeurs que l’on connaît et de la révolution tranquille au Québec, dont on situe le début vers 1970. Mon divorce fut, semble-il, le premier accordé par une cour québécoise prenant la relève du Sénat d’Ottawa. Le dernier divorce-en 1966ca, d’un couple québécois, qu’accorda le Sénat, fut celui du Dr Roger Gariépy (1914-janvier 1995) et d’Anita Girard, des amis de longue date à moi.

En matière de politique, du temps d’Alexandre Taschereau au pouvoir, mon père tenait les dirigeants du pays en très basse estime : qu’ils fussent d’un parti ou d’un autre, d’un gouvernement ou d’un autre, tous étaient selon lui des exploiteurs et des profiteurs. Aussi je n’éprouvais, jusqu’à récemment, que méfiance envers les politiciens et envers leurs politiques, tout en exprimant mes aspirations et mes rêves par l’écrit et par la parole selon les occasions. C’est ainsi que j’ai écrit Nuits et Jours, dans les années noires du régime martial du Gouvernement d’Ottawa. C’était à Beloeil dans la maison Rivmont, habitée avant moi par les Monty et les Guertin, en face du Mont Beloeil et du village de Saint-Hilaire, à l’époque où vivaient là l’écrivaine Loranger, les inoubliables artistes Osias Leduc et Émile Borduas, auteur du Refus global; c’était l’époque où avec crainte on participait aux réunions de la Ligue pour la défense du Canada avec Gérard Filion et André Laurendeau.-Beaucoup plus tard, j’exprimai, sous la forme exigeante du sonnet, des idées qui me paraissent encore aujourd’hui indiscutables mais insuffisantes; et que trouverais-je à écrire dans un effort comparable d’expression personnelle, aujourd’hui?

Les premiers succès du Parti Québécois en 1976 m’ont persuadé que l’action et l’organisation avaient enfin, pour la première fois depuis 1760, une chance de concrétiser un renouveau socio-culturel et l’indépendance du Québec. Sans doute à cause de mon éducation en France et à cause de la tradition politique et missionnaire des Canadiens, je me suis toujours cru chargé d’une responsabilité politique envers ces idéaux, dans un cadre d’action intellectuelle, à la manière d’un scientifique, d’un penseur et d’un journaliste, sans d’ailleurs ressentir l’ambition de me faire élire dans un quelconque gouvernement. Les premiers congrès de l’ACFAS, auxquels je participais avec enthousiasme auprès de Léon Lortie, Cyrias Ouellet, Henri Prat et Georges Préfontaine, me paraissaient riches d’espoirs autant pour la science que pour la politique d’un Québec éventuellement libéré.

Les oppositions, incroyables et incompréhensibles pour moi, de certains de mes voisins citadins, m’ont conduit depuis quelques années à une réflexion sur l’art, l’écologie et la liberté d’expression, et à une forme inattendue d’action communautaire. Et me voilà engagé dans la politique municipale! Les jugements énumérés plus loin en témoignent. Je me félicite d’avoir rencontré l’appui chaleureux de mon avocat Me Luc Trempe. Il a récemment obtenu, à mon avantage, l’invalidation et le retrait d’un réglement municipal outrancier.

Fig. 2 La maison Pierre Demers, à Pointe-Claire au coin des rues Sainte-Anne et Bord du Lac, connue depuis toujours comme la forge de Pointe-Claire. Elle fut vendue en 1872 par Pierre III au forgeron Hormisdas Legault Deslauriers, qui la vendit en 1874 au forgeron Joseph Brunet Létary, qui la vendit en 1909 au forgeron et carrossier Joseph Portelance. Les Portelance devinent facteurs de boîtes de camions. Elle est devenue vers 1988 le restaurant Le Gourmand. Réf. Architecture rurale, CUM, vers 1986, pp. 271, 272. photo vers 1975. Selon cet ouvrage, la maison fut bâtie après 1847, date de l’achat du terrain dépourvu de bâtisse. Voici des documents suggèrant que le terrain appartint auparavant à Pierre I, tirés des Archives historiques au Palais de Justice de Montréal, rue Notre-Dame., consultées 7-9 juin 1975.

19 septembre 1809

Vente Par Paul Legros et son épouse à Pierre Dalmard

Pierre Dalmard Me boucher récemment arrivé de Kingstown rue Sainte-Anne 90’ de front 74’ de profondeur : rue; av. Valois, côté Georges Major, côté Joseph Pilon; acquis de Gabriel Pilon le 14 février 1808 Angélique Varain Paul Legros + sa marque Pierre Dalmard + sa marque Notaire Thibaudeau

PL et son épouse

24 octobre 1816

Vente par Pierre Dalmard à Élisabeth Pack

21 juillet 1828

Vente par Veuve Pierre Dermars à Pierre Dermars

Fig. 3 Alfred, vers 1898.

Fig. 4. Pierre, probablement au printemps 1919; 242, rue MacDougall à Outremont.

Fig. 5 Pierre et son père Alfred en avril 1923, Reims aux champs de bataille.

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