Dialogue entre deux universitaires du QuŽbec.
La place du franais dans le monde scientifique.
HŽlne Trudeau, Robert-ƒmery Prud'homme et Pierre Demers.
Les deux universitaires sont
Robert-ƒmery Prud'homme, professeur de chimie ˆ l'UdeM et Pierre Demers.
professeur honoraire de physique ˆ l'UdeM.
Cet article a ŽtŽ prŽparŽ
par HŽlne Trudeau, Candiac et adressŽ ˆ l'Action Nationale en 2012. AcceptŽ,
il attend parution depuis ce temps. Ceci para”t en ligne en avant-publication
sans altŽration..
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ÉÉÉÉ
¡ La rŽplique Ý La science en anglais -
Une langue commune pour se comprendre
Robert Emery Prud'homme - Professeur de
chimie ˆ l'UniversitŽ de MontrŽal
Le Devoir, 26 janvier 2012[1]
Photo :
Agence France-Presse Spencer Platt
Notes au tableau dÕun scientifique pour
appuyer sa prŽsentation lors dÕun colloque international. ÇQuel que soit le
lieu de la confŽrence, quand il sÕagit dÕune confŽrence internationale o les
francophones forment une minoritŽ, en compagnie de minoritŽs, pour que la
rencontre ait un sens, il faut se comprendre. Et pour se comprendre, il faut
une langue commune. AujourdÕhui, cÕest lÕanglaisÈ, fait valoir le professeur
Emery PrudÕhomme.
Pour qui pratique la
science au QuŽbec depuis plusieurs annŽes, avec les Žchanges canadiens et
internationaux que cela implique, l'article du Devoir du 20
janvier intitulŽ ÇHydro chapeaute un congrs uniquement en anglaisÈ Žtonne.
Si on se reporte aux
annŽes 1970, dans des disciplines comme la chimie, la physique et le gŽnie, il y
avait encore un certain nombre de colloques au QuŽbec et en France o une
partie des prŽsentations Žtaient faites en franais (celles, Žvidemment,
provenant de chercheurs de ces deux pays); les chercheurs Žtrangers
prŽsentaient, sauf exception, en anglais. De la mme faon, une partie des
publications de ces mmes chercheurs Žtaient encore Žcrites en franais, mais
probablement moins de 10 %, mme si elles Žtaient beaucoup moins citŽes que
celles Žcrites en anglais.
Puis, rapidement, au cours des annŽes 1980, l'anglais s'est imposŽ sur toute la
plante, non seulement dans les colloques, mais aussi dans les publications.
Ainsi, plusieurs pŽriodiques qui acceptaient des articles en franais ont cessŽ
de le faire. Par exemple, dans mon domaine, le pŽriodique Die Makromoleculare
Chemie, d'origine allemande, qui publiait nombre d'articles en franais et en
allemand, a cessŽ de le faire. Sans faire d'enqute approfondie, je peux
affirmer qu'au moins 95 % — et vraisemblablement 99 % — des
articles scientifiques publiŽs par des chercheurs quŽbŽcois en chimie, en
physique et en gŽnie, travaillant dans des Žtablissements francophones, le sont
en anglais. C'est pareil en France et en Belgique wallonne.
En anglais
Dans les colloques, confŽrences et symposiums, s'il va de soi qu'une confŽrence
prononcŽe par un chercheur quŽbŽcois dans un forum international ˆ Los Angeles
ou ˆ Kyoto soit en anglais, elle sera Žgalement en anglais, sauf exception, au
QuŽbec, en France et en Belgique wallonne. Quel que soit le lieu de la
confŽrence, quand il s'agit d'une confŽrence internationale o les francophones
forment une minoritŽ, en compagnie de minoritŽs allemande, italienne,
espagnole, portugaise, japonaise, chinoise, corŽenne, etc., pour que la
rencontre ait un sens, pour pouvoir travailler ensemble, il faut se comprendre.
Et pour se comprendre, il faut une langue commune. Aujourd'hui, c'est
l'anglais. Autrefois, c'Žtait le latin. Demain, ce sera peut-tre le chinois.
Mais tous les colloques ne sont pas internationaux. Il y a aussi des colloques
canadiens, qui se tiennent rŽgulirement au QuŽbec ou, en France, des colloques
nationaux. En France, on entend de moins en moins de franais dans ces
colloques scientifiques. Au QuŽbec, un grand nombre de ces colloques sont
parrainŽs par un organisme canadien soi-disant bilingue comme le CIGRE (Conseil
international des grands rŽseaux Žlectriques) dont nous parle Le Devoir. Ces
organismes n'ont souvent de franais que le nom et, consŽquemment, leur site
Web ne comporte pas toujours de version en franais; quand il y en a une, si on
s'y promne, on finit par tomber sur une section non traduite ou, pire, Žcrite
dans un franais approximatif.
L'Acfas
Dans les colloques scientifiques ÇcanadiensÈ tenus au QuŽbec, les scientifiques
francophones du QuŽbec font gŽnŽralement leurs interventions en anglais et,
quand le franais est acceptŽ, ils le font devant une salle ˆ moitiŽ vide. Deux
remarques s'imposent ici. D'abord, mme dans un colloque ÇcanadienÈ tenu au
QuŽbec, il y a une proportion — 10, 20 ou 30 % suivant les cas — de
chercheurs Žtrangers non francophones (en plus, Žvidemment, des Canadiens
anglais majoritaires). Ensuite, une exception: le colloque de l'Acfas
(Association francophone pour le savoir), qui rŽunit des francophones. Il est d'ailleurs
assez dŽplorable que les chercheurs des universitŽs McGill et Concordia s'y
prŽsentent rarement dans les domaines de la chimie, de la physique et du gŽnie
sauf, ˆ l'occasion, un chercheur d'origine francophone.
Pour revenir ˆ l'article du Devoir du 20 janvier, la situation dŽcrite par les
organisateurs est celle qui prŽvaut gŽnŽralement. Dans un deuxime article du
Devoir, paru le lendemain, on annonce que Çles chercheurs de l'IREQ devront
livrer leurs communications scientifiques en franais, que ce soit oralement ou
par ŽcritÈ, une rŽponse politique ˆ la manchette de la journŽe prŽcŽdente. Je
suis franchement dŽsolŽ pour ces chercheurs qui se retrouvent soumis ˆ des
pressions politiques, avec un rŽsultat qui n'a rien ˆ voir avec la rŽalitŽ scientifique
internationale.
On nous annonce aussi qu'ÇHydro-QuŽbec accordera une commandite ˆ CIGRE-Canada
afin que les organisateurs assurent la traduction simultanŽe de tous les
Žchanges dans les deux languesÈ. C'est trs vertueux. Je suis prt ˆ parier que
ces mmes chercheurs ont prŽsentŽ la majoritŽ de leurs travaux en anglais dans
des colloques scientifiques ayant lieu au QuŽbec au cours des 10, 15 ou 20
dernires annŽes, sauf ˆ l'Acfas... et qu'ils continueront ˆ le faire ˆ
l'avenir, sauf s'il y a une manchette dans les journaux et une intervention
politique.
L'Žmotion dans le dŽbat
De faon plus globale, j'ai pu constater ˆ plusieurs reprises que le dŽbat sur
l'utilisation de l'anglais en sciences devient rapidement Žmotif. Une des
raisons ˆ cela est la confusion entre deux choses: la prŽsence de l'anglais au
Canada — sphre politique — et la domination de l'anglais en
sciences — sphre scientifique. Autant je ne puis accepter qu'un
ministre, un dŽputŽ ou un fonctionnaire m'adresse la parole en anglais dans le
cadre de ses fonctions, autant je ne peux qu'espŽrer que le professeur corŽen
que je rencontre en CorŽe, au QuŽbec ou en Europe s'exprime en anglais et non
pas en corŽen! Je suppose que les Žtats d'‰me que certains QuŽbŽcois
entretiennent quant ˆ l'utilisation de l'anglais en sciences au QuŽbec
proviennent, en grande partie, de la confusion entre les sphres politique et
scientifique.
Ë mon avis, la question de l'utilisation de l'anglais en sciences dans les
colloques scientifiques, mme au QuŽbec, est rŽglŽe depuis plusieurs annŽes,
les scientifiques ayant de facto choisi l'anglais. La problŽmatique actuelle se
situe ailleurs. J'ai observŽ au cours des annŽes une tendance des jeunes
professeurs des universitŽs francophones quŽbŽcoises ˆ Žcrire leurs demandes de
subvention en anglais. Cela a d'abord dŽbutŽ avec les subventions de groupe
parce qu'un ou plusieurs membres de l'Žquipe ne s'exprimaient pas en franais.
Puis, cela a dŽrivŽ vers les demandes de subventions individuelles, celles
prŽsentŽes, par exemple, au Conseil de recherche en sciences naturelles et en
gŽnie du Canada, situation qu'on justifie du fait que les dossiers sont ŽvaluŽs
par des experts internationaux qui, souvent, ne lisent pas le franais.
Plus rŽcemment, j'observe que certaines demandes au Fonds quŽbŽcois sur la
nature et les technologies, Žcrites par des francophones oeuvrant dans des
universitŽs quŽbŽcoises, sont rŽdigŽes en anglais. Cette situation est plus
problŽmatique qu'une confŽrence prononcŽe en anglais puisque cette dernire
doit servir ˆ amorcer un Žchange, une discussion avec les auditeurs, y compris
ceux qui n'entendent pas le franais, alors que la demande de subvention
s'adresse seulement ˆ quelques personnes.
Protester au bon moment
De faon gŽnŽrale, il faut se demander o situer la ligne de dŽmarcation sur la
question de l'utilisation de l'anglais en sciences. Plusieurs de ma gŽnŽration
ont rŽgulirement protestŽ et, dans certains cas, continuent ˆ le faire auprs
des organismes professionnels canadiens dont la correspondance, le mensuel, le
site Web et le personnel sont souvent unilingues anglophones. Les jeunes
professeurs francophones sont-ils sensibles ˆ ces questions?
Dans ce contexte, la question ultime est celle de notre capacitŽ future ˆ
discuter de science en franais: serons-nous encore capables de le faire dans
20 ans? Mme si, ˆ mon avis, pour Žchanger nos rŽsultats et nos mŽthodes, nous
devons utiliser la langue internationale commune dans nos confŽrences et
articles scientifiques, il faut conserver des tribunes o le franais est
dynamiquement utilisŽ. Sinon, dans quelques annŽes, nos cours devront tre
donnŽs en anglais ou en charabia, c'est-ˆ-dire dans un mŽlange de franais et
d'anglais.
Robert Emery Prud'homme - Professeur de chimie ˆ l'UniversitŽ de MontrŽal
ÉÉÉÉÉÉÉ..
¡ LÕinvitation > Un virage au
franais langue des sciences ?
PROFESSEUR PRUD'HOMME,
Ë VOUS LA CHANCE... UN VIRAGE AU
FRAN‚AIS LANGUE DES SCIENCES ?
Pierre Demers, physicien, prŽsident de la LISULF[2],
collaborateur de FrŽdŽric Joliot-Curie au Collge de France en 1939-40.
Professeur Prud'homme, ˆ vous la chance ! Vous voilˆ tout dŽsignŽ, voulez-vous
prendre la tte, au QuŽbec, dÕun grand virage au franais langue des sciences
dans nos universitŽs ? BasŽ sur l'emploi de la toile informatique ?
Correct mais biaisŽ.
Votre exposŽ, rŽvŽlateur pour
plusieurs, est correct, mais biaisŽ. Ds vos premires lignes vous Žnoncez un
principe : Ç Pour qui pratique la science au QuŽbec depuis plusieurs annŽes,
avec les Žchanges canadiens et internationaux que cela implique, ... È
Vous vous imposez, et vous proposez
ˆ vos lecteurs, un cadre de rŽflexion en apparence universel et humaniste, mais
en rŽalitŽ restrictif.
La pratique de la science comprend
deux parties : crŽation, puis publication. L'acte de publication a pour but de
dŽcrire des dŽcouvertes, en les mettant ˆ la disposition du public, de faon ˆ
prendre date et ˆ assurer le droit de propriŽtŽ intellectuelle de l'auteur.
Pour qu'elles soient ˆ la disposition du public, une annonce verbale dans un
congrs peut servir sinon suffire, mais l'usage contemporain requiert qu'elles
soient consignŽes sur un support matŽriel.
Votre argumentation se base
spŽcifiquement sur les Žchanges canadiens et internationaux avec des auditeurs
et des lecteurs que vous supposez incapables de comprendre, ou d'accepter, une
autre langue que l'anglais. Je suis dÕavis qu'il faut plut™t mettre au premier
plan les Žchanges nationaux, soit avec des QuŽbŽcois sachant le franais. Puis
les Žchanges avec ceux de la Francophonie. Je dirais que, si des Franais
refusent de vous lire et de vous Žcouter sauf en anglais, ils font une sottise
et leur attitude fait d'eux des adversaires politiques, oeuvrant ˆ la
disparition de leur propre langue chez eux comme chez nous.
Mais est-il vrai que la science
implique nŽcessairement lÕobligation de briller dans les grands congrs et dans
les grandes revues rŽputŽes que vous Žvoquez ?
ƒvidemment, c'est agrŽable et
flatteur de se faire applaudir et approuver par de grands auditoires et de
vastes lectorats, que l'emploi de la langue anglaise permet de rencontrer
commodŽment, ˆ proximitŽ de chez nous, en AmŽrique du Nord, qui sont pour nous
presque des parties de notre vie. Mais est-il sage de les frŽquenter avec zle
et de leur livrer ˆ eux la premire connaissance de vos rŽsultats?
Il faut rappeler que l'accs ˆ ces
grands auditoires et lectorats oblige ˆ accepter un systme qui exige qu'on
fasse pleine confiance ˆ des comitŽs de sŽlection permettant ˆ des collgues
gŽnŽralement anglophones et Žtrangers, de prendre connaissance de vos
dŽcouvertes avant quiconque et sans rŽvŽler leur identitŽ. C'est ce qu'on
appelle l'approbation par les pairs.
Et ces collgues agissant
gŽnŽralement sous le sceau du secret sont prŽcisŽment vos rivaux et
compŽtiteurs. Mme les plus honntes ne peuvent manquer de tenir compte de ce
que vous leur apprenez et qui peut leur servir. Ils ne rŽvleront pas
nŽcessairement que vous les avez aidŽs dans leur travail. Les moins honntes
vous plagieront le moins platement possible en essayant que a ne paraisse pas.
Parfois ils refuseront votre travail et feront passer le leur. En affaires, a
s'appelle le dŽlit d'initiŽ. Charles Durand a rapportŽ sa longue enqute sur
cet aspect trouble de la pratique de la science.[3]
C'est ainsi que j'ai connu le cas du
MontrŽalais Jean-Romuald Beaudry (1917-2006) qui a laissŽ en manuscrit sur
mŽmoire d'ordinateur et en franais, un grand traitŽ sur l'Žvolution
biologique. Il ne s'est jamais dŽcidŽ ˆ le confier ˆ un Žditeur parce qu'il
Žtait persuadŽ que le seul collgue qui pouvait tre appelŽ ˆ en juger et donc
ˆ en prendre connaissance pour son profit avant publication serait son
principal et unique rival, qui avait sans doute un manuscrit en marche sur le
mme thme, et qui se h‰terait de le faire para”tre avant le sien. Il se
refusait ˆ le renseigner ainsi de faon privilŽgiŽe et secrte, avec un
bŽnŽfice alŽatoire pour lui-mme. Le rival Žtait l'AmŽricain d'origine
germanique Ernst Mayr (1904-2005). ƒventuellement, Mayr publia en effet, dans
ses dernires annŽes, l'Žquivalent exact de ce que Beaudry avait prŽparŽ. Le
manuscrit de Beaudry attend dÕtre mis en valeur.
Mais je reviens ˆ l'acte de publication.
Comme si ces Žchanges canadiens et
internationaux obligatoirement en anglais, dites-vous, devaient obligatoirement
et ˆ eux seuls, conditionner tout le comportement linguistique de nos
scientifiques au QuŽbec dans la premire communication publique de leurs
rŽsultats originaux.
Dans la pratique de la science en
matire de publication, l'essentiel est que cette dernire serve ˆ Žtablir
clairement le droit d'auteur, soit la prioritŽ d'une dŽcouverte et les droits
inaliŽnables de la propriŽtŽ intellectuelle de l'auteur de cette dŽcouverte.
Dans le cas de certains Anciens cŽlbres dont on ne possde aucun Žcrit, et
cette situation est bien connue pour ce qui concerne Socrate le philosophe, des
tŽmoignages Žcrits par des tiers remplacent les publications originales
Le monde actuel des scientifiques
est assez honnte, Dieu merci, pour accepter comme Žtablissant une prioritŽ, le
fait d'une parution antŽrieure Žcrite dans la langue dÕusage de lÕauteur. Des
exemples de piratage ŽvitŽ gr‰ce ˆ une publication antŽrieure en japonais sont
rapportŽs par Charles Durand. En revanche, le Prof. AndrŽ Barbeau s'est plaint
d'une occultation de ses dŽcouvertes concernant les vertus de la dopamine pour
guŽrir la maladie de Parkinson, alors qu'il essayait de prendre date par une
prŽsentation orale dans un grand congrs en Nouvelle-Angleterre.[4]
Son compŽtiteur fut applaudi ˆ tout rompre et la prŽsentation, en anglais, de
Barbeau, fut accueillie dans un silence offensant. RŽcemment, le Franais
Montagnier, Prix Nobel de mŽdecine 2008, a dž intenter un procs aux ƒtats-Unis
pour Žtablir sa prioritŽ devant Gallo concernant le virus du sida, procs qu'il
a finalement gagnŽ. Comme quoi le recours ˆ la langue anglaise et ˆ un public
anglophone n'est pas une garantie de prise de date efficace et de tout repos.
Par ailleurs, en plus du risque de
piratage grossier ou subtil, le seul fait de chercher ˆ diffuser nos prŽcieux
rŽsultats dans la langue de nos voisins, nos rivaux, occupants sŽculaires,
compŽtiteurs et adversaires politiques, est un moyen efficace -- je veux dire
lamentable, de perpŽtuer notre dŽpendance nationale vis-ˆ-vis de l'empire
anglo-saxon. ætre compris ? ètre applaudi ? Notre premier souci devrait tre de
nous faire comprendre par nos concitoyens du QuŽbec et autres amis du franais
d'aujourd'hui et de demain. Ce sont eux qui paient des imp™ts sous contrainte
pour permettre nos activitŽs scientifiques, organisons un systme capable de
leur rendre services, intellectuels et autres, en premier lieu. Ce sont eux qui
pourront continuer la tradition scientifique amorcŽe au pays en construction depuis
quatre sicles. Huit millions qui avons le franais comme langue officielle,
des milliers de participants convergeant annuellement au grand congrs de
l'ACFAS crŽŽ ˆ l'initiative de Marie-Victorin et de LŽo Pariseau il y a 80 ans,
en toute fidŽlitŽ : prenons conscience de notre existence nationale, de notre
force croissante et de la nŽcessitŽ de l'affirmer en toute solidaritŽ.
Le temps est trop prŽcieux, la vie
est trop courte, pour que nos scientifiques gaspillent une portion notable de
leurs efforts ˆ des opŽrations de charme auprs des anglos et des anglol‰tres.
Les scientifiques des ƒtats-Unis, des patriotes modles* pour ceux des
autres pays.
*Ë certains Žgards.
La politique du franais dÕabord en science
serait-elle un manque de gŽnŽrositŽ regrettable de la part des QuŽbŽcois envers
l'humanitŽ toute entire et un Žtroit Žgo•sme nationaliste et patriotique, ˆ
l'heure de la mondialisation tant vantŽe par les partisans du tout-en-anglais ?
Rappelons un peu de l'histoire du
sicle dernier. En 1939, Joliot[5]
avec son Žquipe franaise prenait le premier brevet sur l'Žnergie atomique y
compris son usage militaire. En 1945, le prŽsident Truman ordonnait de s'en
servir. Le premier usage eut lieu le 6 aožt 1945, ˆ Hiroshima, aprs une
activitŽ scientifico-militaro-industrielle fort cožteuse et intense, que les
scientifiques amŽricains, grands patriotes comme leurs concitoyens et leurs
chefs politiques, ont acceptŽe de tout cÏur et dans le plus grand secret pendant
cinq annŽes.
Ainsi s'ouvrait pour nos amis
dÕoutre-quarante-cinquime, une re de domination impŽrialiste mondiale qui n'a
pas cessŽ de se conforter par l'imposition croissante du tout-en-anglais. Un
peu de cette activitŽ scientifique fut dynamisŽ par la personnalitŽ, touchante
para”t-il, de S.K. Allison (1901-1965), dŽcrite dans le numŽro de janvier 1966
de Bulletin of Atomic Scientists,[6]
activitŽ accomplie, je le rŽpte, de tout cÏur et dans le plus grand secret.
Au nom de ce secret et de la sŽcuritŽ nationale des ƒtats-Unis, un juge
patriote a fait pŽrir en temps de paix, en 1953, les Žpoux Rosenberg accusŽs de
conspiration pour avoir livrŽ des secrets atomiques ˆ une puissance
Žtrangre, lÕURSS. Un demi-sicle plus tard leur culpabilitŽ semble Žtablie par
des archives alors secrtes[7],
selon Florin Aftalion. Mais, selon moi, seul un patriotisme exacerbŽ peut
expliquer une sentence aussi sŽvre. En Angleterre, la justice fut moins
excessive. Pour des motifs analogues, Alan Nunn May fut condamnŽ ˆ la prison
puis ˆ une vie misŽrable. Ce fut le triste succs, qui ne prit vraiment fin
qu'avec la mort de son auteur en 1957, de la chasse aux sorcires inventŽe par
le sŽnateur McCarthy. Cette chasse eut deux effets sur Charlie Chaplin : il
conut Ç Le Grand Dictateur È, il quitta pour toujours les
ƒtats-Unis.
La solidaritŽ des scientifiques avec
les idŽaux patriotiques du peuple amŽricain a assurŽment fait ŽnormŽment pour
assurer la crŽation et le dŽveloppement de ces idŽaux.[8]
Cette solidaritŽ des scientifiques amŽricains s'est manifestŽe dans les annŽes
qui suivirent 1945, par l'usage exclusif de l'anglais, par le dŽdain arrogant
des autres langues. Depuis 1950, la connaissance d'une deuxime langue a cessŽ
d'tre requise pour accŽder au doctorat s sciences aux ƒtats-Unis. Ils ont
rŽussi le pari de convaincre tous les autres scientifiques du monde qui ne sont
pas anglophones de naissance,
d'utiliser l'anglais, ce qui leur Žconomise des annŽes de formation ˆ eux et en
impose aux autres.
La mŽmoire de Joliot ?
Une postface ˆ cette histoire :
qu'est-il advenu de la mŽmoire de Joliot, quelle rŽputation, quels signes de
reconnaissance les AmŽricains accordent-ils ˆ Joliot ? Ils avaient toute raison
de cŽlŽbrer sa contribution scientifique ˆ la crŽation de lÕarme atomique. DÕun
point strictement scientifique, on peut dire que ce fut Fermi qui rŽalisa
lÕŽtape dŽcisive dans cette histoire, en b‰tissant la premire pile atomique
fonctionnelle au monde ˆ Chicago en dŽcembre 1942, et quÕen cela, il fit ce que
Joliot aurait fait en temps de paix. Fermi Žtait lÕhomme des AmŽricains.
Joliot, ne voulant pas quitter la France, garda son secret et endura toutes les
annŽes de la guerre.
Ce secret Žtait concrŽtisŽ dans un
brevet atomique datŽ du 4 mai 1939 ˆ 15 h 35, heure de Paris. Qu'est-il arrivŽ
du brevet atomique de Joliot et de ses collaborateurs ? Il a ŽtŽ reconnu,
tardivement et ˆ titre d'honneur et de rŽputation, par plusieurs pays. Les
ƒtats-Unis ne sont pas sur la liste. La mŽmoire mme de Joliot, grand
scientifique du 20e sicle, et de ses collaborateurs est passŽe sous silence
par certains historiens publiŽs aux ƒtats-Unis, qui mentionnent pourtant la
Franaise Marie Curie. Une explication possible : le Franais Joliot Žtait un
communiste, et un AmŽricain patriote se doit de combattre par tous les moyens
son ennemi principal dans le monde, ennemi qui est, Žtait ou sera le
communisme.
J'ai entre les mains le livre ˆ
succs d'un AmŽricain de naissance, publiŽ et diffusŽ en Europe, relatant
l'histoire universelle des sciences dont, brivement, la rŽalisation de la
bombe atomique qui Žclata le 6 aožt ˆ Hiroshima. J'y trouve une rŽfŽrence ˆ
Marie Curie, mais aucune ˆ son gendre FrŽdŽric Joliot.[9]
Cependant Joliot a pris ou repris date
sur son secret atomique, en 1945. Avec sobriŽtŽ, ds le 8 aožt 1945, deux jours
aprs lÕexplosion, alors quÕŽvidemment il Žtait en vacances en Bretagne selon
ses habitudes.
Ç É dans Le Figaro du 9 aožt 1945 un communiquŽ
de lÕAFP : Paimpol 8 aožt 1945 – M. Joliot-Curie fait de Paimpol la
communication suivante: L'emploi de l'Žnergie atomique et de la bombe atomique
a son origine dans les dŽcouvertes et les travaux effectuŽs au Collge de
France par MM. Joliot-Curie, Alban et Kowarski en 1939 et 1940. Des
communications ont ŽtŽ faites et des brevets pris ˆ cette Žpoque". Un de
ces brevets porte sur les "Perfectionnements aux charges explosives",
brevet d'invention n¡ 971-324 "demandŽ le 4 mai 1939 ˆ 15 h 35 min ˆ
Paris".[10]
Devant et ˆ c™tŽ de ce patriotisme
brutalement Žgocentrique de nos grands voisins, qui travestissent la vŽritŽ
historique au bŽnŽfice de leur propre gloire et puissance, devons-nous nous
excuser de vouloir pratiquer un peu la n™tre propre? Chez nous, le mot patriote
est banni du vocabulaire de la presse universitaire. On le trouve cependant
utilisŽ dans le vocabulaire cŽgŽpien, pour dŽsigner, plus ou moins ˆ la
rigolade, des clubs de hockey Žtudiants.
Savoir, penser, parler, Žcrire,
vivre en franais -- en science
comme dans toutes les autres formes d'activitŽ collective intelligente au
QuŽbec. Notre modle Louis Pasteur l'a dit ˆ peu prs en ces termes: Ç La
science n'a pas de patrie, mais les scientifiques franais en ont une !È La
forme et la consistance de la patrie quŽbŽcoise surviendront d'autant plus vite
que ses scientifiques manifesteront davantage leur attachement ˆ cet ŽlŽment
primordial de cohŽsion nationale qu'est la langue franaise.
Aspect pratique : vous vous plaignez
que les revues papier n'acceptent pas les articles en franais. Ë force
d'insistance, elles changeraient peut-tre d'avis. PlacŽ dans une situation
analogue, Hydro-QuŽbec a changŽ d'avis en quelques heures : ÇHydro-QuŽbec
a fait volte-face, È trouve-t-on en exergue de votre article au Devoir. Mais...
Faut-il vraiment le papier ?
Mais cessons de viser le papier
exclusivement. Le papier est-il indispensable ? Il l'Žtait il y a 100 ans et il
y a 50 ans encore, aprs le papyrus et le parchemin, les stles de pierre et
les tablettes d'argile, devenus objets de musŽe. De nos jours, la toile
informatique reoit la faveur et la ferveur d'ˆ peu prs tous les QuŽbŽcois
suffisamment instruits. Plus des trois quarts de la population est branchŽe en
2012.
En 2010 : Ç Le CEFRIO indique
ainsi que depuis 2000, le nombre de QuŽbŽcoises en ligne a explosŽ de 106 pour
cent, passant de 34 pour cent ˆ 70 pour cent. En comparaison, 76 pour cent des
hommes quŽbŽcois sont branchŽs.È [11]
Nous avons au QuŽbec treize ou
quatorze Žtablissements universitaires ou assimilables ˆ des universitŽs. Je ne
compte pas les universitŽs anglophones, qui ont leur dignitŽ ˆ elles Žtant un
hŽritage impŽrial imposŽ par Victoria Ire, dont l'avenir au QuŽbec
doit se discuter sŽparŽment. Selon mes relevŽs, tous les professeurs et
chercheurs de ces Žtablissements ont une adresse courriel et un site, je risque
ˆ la proportion de 100 % marge d'erreur +0-1 %; j'ai ciblŽ les domaines de
mathŽmatiques, physique, chimie, gŽologie, sciences biologiques,
mŽdecine-sciences quant ˆ leurs publications dont ils affichent la liste, et je
trouve en anglais 100 % marge d'erreur +0-1 %, en franais 0 % marge d'erreur
+1-0 %. Ces publications sont parues dans des pŽriodiques papier, d'ordinaire
au cours des 5 ou 10 dernires annŽes. Voici par exemple pour trois auteurs, 61
publications scientifiques de l'ƒcole Polytechnique de MontrŽal (Poly-MontrŽal)
affiliŽe ˆ l'UniversitŽ de MontrŽal.[12]
J'ai demandŽ des prŽcisions linguistiques sur ces statistiques aux services de
la Bibliothque de Poly-MontrŽal, qui m'ont adressŽ un accusŽ de rŽception.
Pour ce qui est des publications en franais ou en anglais, il est regrettable
que notre Institut de Statistique du QuŽbec
(IStatQc) n'Žtablisse ni ne publie aucune donnŽe statistique ˆ ce propos,
pour une sorte dÕactivitŽ dotŽe de budgets publics dŽpassant le milliard de $
annuellement.
Je me permets de faire Žtat dÕune
partie de ma vie. Il y a 32 ans, en 1980, malgrŽ la prudence craintive
conseillŽe par mon bon ami le physicien Paul Lorrain (1917-2006), anglomane
convaincu, j'optais pour la publication de mes travaux originaux dŽsormais en
franais uniquement, ce qu'effectivement j'ai fidlement rŽalisŽ. Depuis 1996,
alors que j'ai commencŽ ˆ naviguer sur la toile avec un peu d'aisance, leur
totalitŽ se trouve accessible sur la toile, quelques-unes sur papier aussi. On
m'accordera, je l'espre, dÕavoir prchŽ d'exemple.[13]
Un signal autorisŽ : voulez-vous donner le signal d'un virage
collectif au franais scientifique ?
Je vous dirais donc, cher collgue
Prud'homme : considŽrez mon conseil et mon exemple, voulez-vous donner conseil
et exemple ˆ votre tour, autorisŽ vous l'tes puisque vous tes entre autres
Prix scientifique du QuŽbec (Prix Marie-Victorin 2001). Vous tes le Directeur
du DŽpartement de chimie de lÕUniversitŽ de MontrŽal. Vous semblez avoir amorcŽ
une rŽflexion dans ce sens, car vous avez Žcrit et je cite :
Ç [É] il
faut conserver des tribunes o le franais est dynamiquement utilisŽ. Sinon,
dans quelques annŽes, nos cours devront tre donnŽs en anglais ou en charabia,
c'est-ˆ-dire dans un mŽlange de franais et d'anglais. È[14]
Pourvu quÕon vous laisse parler, ce
sera le signal d'un virage Žminemment patriotique et pratique ˆ la fois.
L'instrument de publication est dŽjˆ disponible au bout des doigts, sur la table
de travail de chaque scientifique crŽateur au pays. Il suffit d'une volontŽ
politique et patriotique collective. Chacun organisera sa liste de distribution
mondiale par courriel. Les services informatiques des Žtablissements seront mis
ˆ contribution.
Je sais qu'instantanŽment fuseront
des hauts cris, ˆ cause des habitudes installŽes, avec l'objection-massue,
apparemment sans rŽplique (ˆ moins d'un silence hautain et rŽprobateur
Žconomisant les efforts et la rŽflexion) : Ç Rien n'est acceptable sans l'approbation
par les pairs.È
Je rŽponds, vous pourrez rŽpondre :
nos Žlites sont assez intelligentes et habiles pour savoir Žtablir une
autocensure personnelle et le recours ˆ des experts amicaux dignes de
confiance, dans un systme Žvitant les dŽtestables cagoules et les censures
actuelles, et la transmission empressŽe d'information ˆ des Žtrangers. Si des
erreurs apparaissent aprs parution et prise de date, a se rŽpare.
Le systme actuellement en vigueur
n'est pas sans failles. Voyez, dans mon domaine d'intŽrt : Une imposture dŽvoilŽe : L'Žpisode du
Ninovium[15].
[16].
Et, avec lÕUniversitŽ Cornell proche de chez nous en tte de file, voilˆ de
nombreux scientifiques anglophones fort critiques de lÕŽvaluation par les
pairs, partisans de la publication sur la toile.[17]
Ë leurs raisons, sÕajoute, dans notre cas, la raison linguistique.
Cessons donc d'alimenter aveuglŽment
un patriotisme Žtranger impŽrialiste, associŽ au principe du tout-en-anglais, destructeur
du n™tre, et alimentons plut™t celui associŽ ˆ la pratique du franais dÕabord
et au progrs du QuŽbec. C'est la voie de notre libŽration nationale et de
notre contribution au patrimoine universel !
-
30 –
HŽlne
Trudeau, helene_1@sympatico.ca
[1] http://www.ledevoir.com/politique/quebec/341056/la-replique-la-science-en-anglais-une-langue-commune-pour-se-comprendre
[2] LISULF, Ligue internationale des
scientifiques pour lÕusage de la langue franaise
[3]
Charles Durand, Une colonie ordinaire du XXIe
sicle, EME (Belgique) 2009, ÇRŽsumŽ de couverture : Depuis 1945, lÕempire
amŽricain nÕa cessŽ de cro”tre et de consolider son influence. LÕanglais et le
dollar en sont les deux piliers principaux. [É] Si dans certaines parties du monde, lÕempire sÕimpose
par ses forces armŽes, en Europe, il se base sur la Ç colonisation mentale È
des populations, cÕest-ˆ-dire par une vŽritable occupation des esprits
entra”nant ainsi des modifications profondes dans la pensŽe et le comportement.
Charles Durand met en Žvidence ces phŽnomnes, les dŽcortique et montre les
relations quÕils ont avec la diffusion de lÕanglais, langue prŽtendument
internationale dont le systme officiel veut nous gaver, tout comme avec les
produits Ç culturels È et idŽologiques quÕelle sous-tend.È
4 RŽunion du CEPQ (Centre d'ƒtudes Prospectives du QuŽbec) vers 1967, de mŽmoire. Devant un auditoire restreint de ce centre, le Prof. AndrŽ Barbeau, futur Prix du QuŽbec (Prix Marie-Victorin 1985), dŽcrivit son expŽrience pŽnible de communication en anglais en face dÕun auditoire dÕanglophones en Nouvelle-Angleterre, qui firent mine de dŽsapprouver, par leur silence, ce qu'ils venaient d'entendre et rŽservrent leurs applaudissements bruyants pour l'orateur amŽricain, leur compatriote, annonant des rŽsultats peu diffŽrents concernant la dopamine et la maladie de Parkinson.
[5] FrŽdŽric Joliot-Curie (1900-1958), prix Nobel de chimie 1935 avec sa femme
Irne Joliot-Curie (1897-1956), gendre des dŽcouvreurs du radium, Marie
(1867-1934) et Pierre (1859-1906) Curie, tous deux prix Nobel de physique 1903 et Marie, prix Nobel de chimie 1911. Source : WikipŽdia
[6]http://books.google.ca/books?id=XAgAAAAAMBAJ&pg=PA2&hl=fr&source=gbs_toc_r&cad=2#v=onepage&q&f=false
7
http://www.denistouret.fr/textes/Aftalion.html
8 Les AmŽricains sont encore, le 5 fŽvrier 2012, friands
d'un patriotisme pro-amŽricain militariste et tapageur, ingrŽdient obligatoire
des grands ŽvŽnements sportifs, comme le Super Bowl avec Madonna. Comme c'est
la coutume, le patriotisme Žtait ˆ l'honneur lors des cŽlŽbrations
d'avant-match. Les vedettes du country ont d'abord chantŽ America the Beautiful, pendant que la tŽlŽ nous montrait la
traditionnelle image de soldats amŽricains regardant le match depuis
l'Afghanistan. AccompagnŽe d'une chorale formŽe de dizaines d'adolescents,
Kelly Clarkson a ensuite interprŽtŽ le God
Bless America. Source : Toile du
QuŽbec.
[9] Bill Bryson
2008, Une histoire de tout, ou presque... 2007, ÇÉexpliquant le dŽveloppement de
plusieurs domaines de la science tels que la chimie, la palŽontologie,
l'astronomie et la physique des particules.È
original 0-7679-0817-1
ISBN
978-2228902182
[11] CEFRIO, Centre francophone de recherche en
informatisation des organisations. http://www.cefrio.qc.ca/
[12] Voyez SF016, 61 publications scientifiques ˆ Poly-MontrŽal, http://er.uqam.ca/nobel/c3410/SF016.htm
[13] http://er.uqam.ca/nobel/c3410/quebecium.htm
Voir les remarques dÕordre linguistique dans la Note historique ˆ la suite de la chronologie des publications
(ordre numŽrique dŽcroissant, donc aprs 1996).
14
Conclusion de lÕarticle de M. PrudÕhomme, ci-dessus.
15 Une imposture dŽvoilŽe en Californie : L'Žpisode du
Ninovium 118. Dans QuŽbŽcium 989.
L'Žpisode du ninovium. En 1999,
des chercheurs en Californie, sans mentionner le moindrement les rŽsultats de l'auteur,
ont apportŽ, ˆ l'Žtude du quŽbŽcium, une contribution qui leur a occasionnŽ une
grande notoriŽtŽ. Ils ont annoncŽ avoir rŽalisŽ expŽrimentalement sa structure
nuclŽaire, sinon sa structure Žlectronique, pendant quelques millimes de
seconde. L'enthousiasme provoquŽ par cette annonce a conduit quelques uns a
suggŽrer de donner ˆ cet ŽlŽment le nom de ninovium, d'aprs le chercheur
principal Ninov. Mais plusieurs chercheurs en France et ailleurs ont rŽpŽtŽ
sans aucun succs les expŽriences de 1999, qui par suite ont paru suspectes.
Aprs examen des donnŽes ˆ l'appui de l'annonce, les chercheurs de Califonie
ont reconnu que ces donnŽes Žtaient inexistantes et que la prŽtendue dŽcouverte
Žtait une imposture. Ils ont publiŽ une rŽtractation, que l'auteur principal
Ninov n'a pas voulu signer. Celui-ci a finalement ŽtŽ renvoyŽ et accusŽ de
fraude et fabrication de donnŽes. Ces ŽvŽnements ont attirŽ l'attention sur le
quŽbŽcium. Tout ce que les expŽrimentateurs ont Žtabli ˆ son sujet est la
valeur nŽgative des procŽdŽs employŽs. http://er.uqam.ca/nobel/c3410/QbSyst2e.1.html et
http://er.uqam.ca/nobel/c3410/QbSyst2e.2.html
16 Critique acerbe visant Elsevier, un grand Žditeur de
revues scientifiques, tarifs exorbitant, groupements forcŽs dÕabonnements. ÇScientific publishing.
The price of information. Academics are starting to boycott a big publisher of
journalsÈ The Economist, 4 fŽv. 2012.
from
the print edition Science and technology.
http://www.economist.com/node/21545974