Entrevue Le Pen Rennes 23 mars 2012 Toulouse, un drame révélateur, selon Marine Le Pen
François Bugingo, envoyé spécial Merci Agence QMI  23/03/2012 17h49

Marine Le Pen

© DAMIEN MEYER / AFP

RENNES - Dans le petit restaurant au pied du mont Saint-Michel, les avis étaient partagés.

En apprenant que nous venions du Québec pour interviewer Marine Le Pen, le serveur a roulé les yeux, la caissière n'a pas pu cacher sa grimace alors qu'une cliente nous disait bravo.

C'est que la candidate du Front national à la présidence française ne laisse personne indifférent. Pas même les nuées de touristes japonais qui demandent de poser avec elle.

Pendant quelques mois, les sondages l'ont présentée capable de se rendre jusqu'au second tour des présidentielles. Mais depuis quelques semaines, elle ne cesse de dégringoler dans les intentions de vote.

«J'ai toujours dit que, dans cette campagne, le mensonge serait mon adversaire principal, dont celui d'un certain nombre d'instituts de sondage qui entretiennent des relations au-delà du raisonnable avec les grands partis traditionnels.»

Lors de l'entrevue exclusive qu'elle a accordée vendredi à l'Agence QMI, elle a affiché un sourire serein et estime que les tragiques événements de Toulouse ont démontré qu'elle avait raison.

- Marie Le Pen

Ma campagne a toujours été articulée autour de quatre thèmes : le chômage et le pouvoir d'achat des Français, le problème de la dette, la question de l'immigration et celle de la sécurité.

L'immigration et la sécurité ont été des sujets étouffés par l'UMP et le Parti socialiste : le premier parce que son bilan en la matière est dramatique, le second parce qu'il n'a rien d'autre à proposer à part l'angélisme classique de la gauche.

Mais le drame de Toulouse a brutalement fait remonter à la surface des enjeux que certains feignaient d'ignorer.

- AQMI

Les événements de Toulouse sont-ils un révélateur de l'échec de la formule dite républicaine de l'intégration des minorités ? Êtes-vous tentées par le multiculturalisme à la canadienne ?

- MLP

Non, je crois que l'erreur est que la France a justement versé dans le modèle canadien. Depuis, l'insécurité a explosé, le fondamentalisme islamique s'est développé. Je dénonce ces zones de non-droit où au droit républicain se sont substitués d'autres droits (religieux, communautaires, criminels et parfois les trois à la fois).

Les financements arrivent impunément de l'étranger, les armes circulent, les délinquants et les criminels ne sont pas traités avec fermeté. Sous le prétexte de ne pas stigmatiser telle ou telle religion, la gauche elle se baisse devant un machisme vert et qui est aujourd'hui en hybridation avec le banditisme.

-AQMI

Le président a proposé des mesures fermes pour empêcher le développement des réseaux islamistes justement. Êtes-vous d'accord avec lui ?

- MLP

Les propositions faites par Sarkozy hier sont très inquiétantes. On a atteint le summum de l'incompétence et ça finit par faire peur.

Calquer sa politique sur celle de Bush et d'une frange conservatrice de certains pays, dont le Canada, en pénalisant l'accès aux sites internet terroristes est d'une sottise totale.

Ce sont ce genre de données qui permettent aux spécialistes d'identifier les éléments qui représentent un danger futur. Des infos absolument essentielles.

Il en va de même de la mesure de suppression de la page Facebook en appui à Merah.

C'est un refus de voir la vérité en face, de réaliser qu'il a des sympathisants en France, des gens qui développent une haine de la nation au point d'en faire des terroristes. On casse le thermomètre pour ne pas voir la fièvre.

- AQMI

Et que pensez-vous de la formule des accommodements raisonnables ?

- MLP

C'est une terrible formule de démission dans le devoir d'intégration des immigrants. La seule solution qui vaille est celle de l'assimilation aux valeurs du pays d'accueil, à Rome comme les Romains.

- AQMI

Et en matière d'immigration, que dire de la formule de l'immigration choisie qui est appliquée au Canada ?

- MLP

C'est une double malhonnêteté. D'abord à l'égard des pays dont on retire les élites alors qu'ils en ont besoin pour créer de la richesse. Et ensuite, on s'en sert dans les pays d'accueil comme preuve de notre générosité.