Que serait le monde sans le mensonge?
Le cynisme qui nous afflige n'est pas né tout seul. Plus cyniques
que nous, les citoyens, il y a ceux qui nous dirigent et qui nous
mentent effrontément en invoquant tous les prétextes qu'on peut
imaginer: la sécurité de l'État, les relations internationales, la
protection de nos troupes armées et même la défense de nos valeurs
sociales et culturelles. Les milliards de dollars ne manquent jamais
quand ces objectifs sont en jeu. On s'achète des espions, on tue des
civils quand on veut, on camoufle la corruption chez nos étranges alliés
et on l'encourage si elle sert nos propres fins, on ramène les cadavres
de nos enfants, on les couvre d'un drapeau canadien et on fait semblant
que leur mort va servir à construire des écoles où on sait déjà que
d'autres enfants n'auront jamais la liberté de mettre les pieds. Notre
cynisme est proportionnel à leur capacité de nous mentir.
La vérité vient de nous éclater en pleine face. 90 000 pages de documents secrets, concernant la guerre en Afghanistan, viennent d'être rendues publiques grâce à Wikileaks, qui existe depuis 2006 et qui s'applique à divulguer les petits et grands secrets des États du monde qui préfèrent opérer dans l'ombre. S'il est impossible de connaître ce qui se discute au G8 ou au G20 en plein jour (nous venons d'en avoir un exemple à Toronto), imaginez ce qui peut se discuter quand il n'y a ni journalistes ni caméras. Ce que nous pouvons soupçonner n'est probablement que la pointe de l'iceberg. Le reste nous est inconnu à moins d'une fuite comme celle qui vient de se produire.
Après son passage en politique, Françoise Giroud, ministre française, avait écrit que son président de l'époque Valéry Giscard d'Estaingt disait régulièrement: «On ne peut pas dire cela au peuple». Jugeant sans doute le peuple incapable de bien comprendre les enjeux, estimant qu'il ne fallait pas mettre la vérité vraie entre toutes les mains, il déterminait, avec ses proches conseillers d'abord, puis devant ses ministres, quelle vérité il croyait que le peuple pouvait comprendre ou même supporter. Cette vérité fabriquée par le président devenait la vérité vraie, celle que les politiques devaient endosser et transmettre à la population. Le mensonge officiel était ensuite livré à la population, mais à ce stade, il n'avait probablement plus grand-chose à voir avec la vérité.
Françoise Giroud, dans ses écrits, défendait plutôt que le peuple avait droit à la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Elle était consciente des risques que ça pouvait comporter, mais elle croyait qu'il était essentiel que les citoyens soient vraiment informés pour remplir leur rôle de citoyen. Elle n'a pas trouvé beaucoup d'appuis dans les rangs des politiciens, ni de son époque, ni de maintenant. La vérité n'est pas considérée comme un atout favorable dans les milieux politiques en général. Tout le monde ment: en français, en américain, en anglais, en allemand, en canadien et même en québécois. Le gouvernement du Québec, que nous avons le loisir d'examiner de plus près encore, nous paraît souvent comme en train de s'étouffer dans ses mensonges. Nous le savons tous. Nous nous rebiffons de temps en temps. Jamais assez pour forcer le changement d'attitude des politiciens qui préfèrent en beurrer assez épais pour que nous ne puissions jamais nous y retrouver.
Le gouvernement canadien, sous la gouverne de Stephen Harper, cultive le secret en tout, histoire de détruire la moindre velléité d'opposition à ses petits et gros projets qu'il ne veut discuter avec personne. Il veut tout contrôler sans avoir de comptes à rendre à personne. Il a beaucoup joué la carte de «la guerre en Afghanistan n'est pas une vraie guerre, mais plutôt une mission humanitaire qui consister à libérer les femmes afghanes et à permettre aux petites filles d'aller à l'école». Le gouvernement canadien ferme les yeux sur la corruption, sur l'exportation colossale de drogue qui se fait de l'Afghanistan, sur le mariage forcé des petites filles prépubères qu'on vend à de vieux dégoûtants qui ont les moyens de les acheter, sur le rôle plus que douteux du Pakistan dans ce grand jeu du mensonge, sur la mort inutile de jeunes Canadiens qui rentrent dans des cercueils. À ce jour, il continue de regarder ce spectacle en jouant les Ponce Pilate.
À force d'être le dindon de la farce, le citoyen finit par développer du cynisme ou, si vous préférez, il apprend à se méfier. Ça en fera un citoyen moins manipulable, car il aura développé des défenses qui lui permettront de cesser de croire tout ce qu'on lui dit et il apprendra à se faire sa propre opinion. Quand il aura compris que «réfléchir par soi-même» est un bien beau passe-temps, les politiciens vont devoir cesser de lui raconter des histoires qui ne tiennent pas debout.
La vérité vient de nous éclater en pleine face. 90 000 pages de documents secrets, concernant la guerre en Afghanistan, viennent d'être rendues publiques grâce à Wikileaks, qui existe depuis 2006 et qui s'applique à divulguer les petits et grands secrets des États du monde qui préfèrent opérer dans l'ombre. S'il est impossible de connaître ce qui se discute au G8 ou au G20 en plein jour (nous venons d'en avoir un exemple à Toronto), imaginez ce qui peut se discuter quand il n'y a ni journalistes ni caméras. Ce que nous pouvons soupçonner n'est probablement que la pointe de l'iceberg. Le reste nous est inconnu à moins d'une fuite comme celle qui vient de se produire.
Après son passage en politique, Françoise Giroud, ministre française, avait écrit que son président de l'époque Valéry Giscard d'Estaingt disait régulièrement: «On ne peut pas dire cela au peuple». Jugeant sans doute le peuple incapable de bien comprendre les enjeux, estimant qu'il ne fallait pas mettre la vérité vraie entre toutes les mains, il déterminait, avec ses proches conseillers d'abord, puis devant ses ministres, quelle vérité il croyait que le peuple pouvait comprendre ou même supporter. Cette vérité fabriquée par le président devenait la vérité vraie, celle que les politiques devaient endosser et transmettre à la population. Le mensonge officiel était ensuite livré à la population, mais à ce stade, il n'avait probablement plus grand-chose à voir avec la vérité.
Françoise Giroud, dans ses écrits, défendait plutôt que le peuple avait droit à la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Elle était consciente des risques que ça pouvait comporter, mais elle croyait qu'il était essentiel que les citoyens soient vraiment informés pour remplir leur rôle de citoyen. Elle n'a pas trouvé beaucoup d'appuis dans les rangs des politiciens, ni de son époque, ni de maintenant. La vérité n'est pas considérée comme un atout favorable dans les milieux politiques en général. Tout le monde ment: en français, en américain, en anglais, en allemand, en canadien et même en québécois. Le gouvernement du Québec, que nous avons le loisir d'examiner de plus près encore, nous paraît souvent comme en train de s'étouffer dans ses mensonges. Nous le savons tous. Nous nous rebiffons de temps en temps. Jamais assez pour forcer le changement d'attitude des politiciens qui préfèrent en beurrer assez épais pour que nous ne puissions jamais nous y retrouver.
Le gouvernement canadien, sous la gouverne de Stephen Harper, cultive le secret en tout, histoire de détruire la moindre velléité d'opposition à ses petits et gros projets qu'il ne veut discuter avec personne. Il veut tout contrôler sans avoir de comptes à rendre à personne. Il a beaucoup joué la carte de «la guerre en Afghanistan n'est pas une vraie guerre, mais plutôt une mission humanitaire qui consister à libérer les femmes afghanes et à permettre aux petites filles d'aller à l'école». Le gouvernement canadien ferme les yeux sur la corruption, sur l'exportation colossale de drogue qui se fait de l'Afghanistan, sur le mariage forcé des petites filles prépubères qu'on vend à de vieux dégoûtants qui ont les moyens de les acheter, sur le rôle plus que douteux du Pakistan dans ce grand jeu du mensonge, sur la mort inutile de jeunes Canadiens qui rentrent dans des cercueils. À ce jour, il continue de regarder ce spectacle en jouant les Ponce Pilate.
À force d'être le dindon de la farce, le citoyen finit par développer du cynisme ou, si vous préférez, il apprend à se méfier. Ça en fera un citoyen moins manipulable, car il aura développé des défenses qui lui permettront de cesser de croire tout ce qu'on lui dit et il apprendra à se faire sa propre opinion. Quand il aura compris que «réfléchir par soi-même» est un bien beau passe-temps, les politiciens vont devoir cesser de lui raconter des histoires qui ne tiennent pas debout.
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