SF30bis

Extraits de SF30, janvier 2008

Si de Gaulle l'avait su!

(Joliot, l'atome et la Francophonie). Suite et fin.

(DŽbut de l'article : dans le No 29).

Pierre Demers. Traduction interdite

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RŽfŽrences.

Ajout.10. (Service postal des ƒtats-Unis) 1983,

(RŽpertoire national.1984 des codes...),

         Washington DC 20260-7233.

 

         N. B. Aux 600 bases dont l'existence se trouve ainsi signalŽe sans l'indication d'un emplacement prŽcis, s'ajoutent certaines bases avec adresses connues. Ainsi, ˆ Ottawa, le rŽpertoire tŽlŽphonique du Gouvernement du Canada Žnumre les membres d'un bureau militaire des ƒtats-Unis au sein d'unitŽs diverses du Ministre de la dŽfense nationale.

         Se trouve signalŽe par lˆ l'existence d'un tel bureau, ˆ Uplands et ˆ Rockcliffe. On y trouve les noms d'une dizaine de militaires haut-gradŽs, sous les titres suivants: attachŽ de l'air, attachŽ naval, attachŽ de l'armŽe, services administratifs des contrats de dŽfense, programme d'Žchange d'officiers USAF/FC, programme d'Žchange d'officiers USN/F, dŽtachement du renseignement liaison militaire des ƒtats-Unis (US Defence intelligence liaison detachment) etc. Il est difficile de ne pas voir dans l'existence d'un tel bureau le signe d'une vassalisation du Canada vis-ˆ-vis des ƒtats-Unis.

         La France n'a pas de tel bureau dans ce Ministre du Canada. Le Royaume-Uni en a un.

 

Deux tŽmoignages.

 

         Mis en regard, nous plaons deux tŽmoignages, celui d'un Žcrivain francophone et celui d'un chef d'ƒtat anglophone, Žvoquant l'un et l'autre le nom de Dieu, mais exprimant des prŽoccupations bien diffŽrentes. L'un annonait son intention de domination mondiale, l'autre tŽmoignait de son attachement au sol natal.

 

Harry Truman.

         "(Nous devons nous constituer gardiens de cette nouvelle force afin d'empcher son emploi nŽfaste et afin de la diriger pour le bien de l'humanitŽ. C'est une terrible responsabilitŽ qui nous est Žchue. Nous remercions Dieu qu'elle soit venue ˆ nous plut™t qu'ˆ nos ennemis et nous prions pour qu'Il nous guide pour l'utiliser dans Ses voies et dans Ses buts)."

         Harry Truman, 6 aožt 1945, jour de l'explosion cŽlbre.

 

Charles PŽguy.

"Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,

Mais pourvu que ce fžt dans une juste guerre.

Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre,

Heureux ceux qui sont morts d'une mort solennelle.

 

Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,

CouchŽs dessus le sol ˆ la face de Dieu.

Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu,

Parmi tout l'appareil des grandes funŽrailles.

 

Heureux ceux qui sont morts pour des citŽs charnelles,

Car elles sont le corps de la citŽ de Dieu.

Heureux ceux qui sont morts pour leur ‰tre et leur feu

Et les pauvres honneurs des maisons paternelles".

...   

         Charles PŽguy Žcrivait ces lignes peu de temps avant d'tre tuŽ, le 5 septembre 1914, ˆ Villeroy. (25)

Fig. 7. Trente ans plus tard, l'histoire s'est rŽpŽtŽe, comme en tŽmoigne ce cimetire militaire amŽricain de la guerre de 1940-45, non loin des Fourons en Belgique. Le Prof. Jean Leclercq regarde. (Septembre 1983, sous un ciel gris).

 

Fig. 8. Dans un QuŽbec en marche vers son indŽpendance, les manifestations pour l'usage de la langue franaise ont eu beaucoup de succs au cours des dernires annŽes. Celle-ci avait lieu ˆ MontrŽal en avril 1989. Lors de ces manifestations, l'usage de la langue franaise dans la vie courante et dans l'enseignement des premiers degrŽs est un ŽlŽment gŽnŽralement revendiquŽ comme essentiel pour l'identitŽ nationale du QuŽbec; quant ˆ l'usage de la langue franaise en science et dans l'enseignement supŽrieur, c'est autre chose, et il n'en est question que superficiellement au cours de telles manifestations.

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Fig. 9. Dans ce cadre grandiose, que domine le Mont-Blanc, haut de 4807 m et point culminant de l'Europe, s'Žtend la ville de Genve. Ces lieux sont riches en histoire. Sur eux plane le souvenir des grands Žcrivains francophones qu'Žtaient Jean-Jacques Rousseau et Voltaire, et la vie courante s'y fait en franais, depuis des sicles. Mais pour la vie scientifique, il en va tout autrement. L'histoire de ces lieux, plus ou moins ˆ l'insu des habitants, a pris le virage vers l'anglophonie.

                  On aperoit, dans le coin infŽrieur droit, des b‰timents du CERN, sur un terrain chevauchant la Suisse et la France. Sous terre, s'Žtend maintenant l'installation souterraine du grand accŽlŽrateur d'Žlectrons, le LEP, anneau de prs de 10 Km de diamtre. Ce grand laboratoire fut crŽŽ gr‰ce aux dŽmarches tenaces de Pierre Auger principalement, avec le concours de Raoul Dautry et de Louis de Broglie. Quatorze pays d'Europe le financent, la France pour une part importante. Ses fondateurs, en 1953, qui marqurent alors les dŽbuts du Club Atomique (1953), se doutaient-ils que bient™t, leur fondation servirait ˆ affirmer la domination exclusive de la langue anglaise en science?

                  En effet, la langue franaise est exclue des publications scientifiques faites par les savants franais qui collaborent avec le CERN. Les entitŽs franaises les plus farouchement attachŽes ˆ la dŽfense de l'identitŽ franaise, tel le CEA (Commissariat ˆ l'ƒnergie atomique), ma”tre d'Ïuvre de la dissuasion nuclŽaire en France, sont en revanche attachŽes avec une dŽtermination Žgalement farouche ˆ l'usage de l'anglais dans leurs publications provenant de ce laboratoire.

                  Photo prise en octobre 1983.

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Fig. 10. FrŽdŽric Joliot et Hans Halban dans le laboratoire du Collge de France. 1947.

 

Sources des photographies: pour les figures 3, 4, 6 et 10, elles proviennent du tournage en 1947 du film La Bataille de l'Eau lourde, qui reconstituait, avec pour acteurs les personnes mmes, les ŽvŽnements de 1939-1941. Nos remerciements ˆ Monique Bordry du laboratoire de l'accŽlŽrateur Saturne, qui nous les a transmises. La Bataille de l'Eau lourde est un film de Jean Marin et de Jean DrŽville. Les autres sont de Pierre Demers.

JHK 15,2 mm int.12,1

Fig. 11. Ces deux plaques de bronze apparaissent sur la base d'un monument, situŽ ˆ Orsay et figurŽ en page 16 de la couverture. Elles reprŽsentent FrŽdŽric Joliot et Irne Joliot-Curie.

JC

Fig. 12. Ce monument se trouve ˆ Orsay, rue Georges-ClŽmenceau; on aperoit la b‰tisse de l'IPN (Institut de physique nuclŽaire). La base de ce monument porte deux plaques de bronze reprŽsentent FrŽdŽric Joliot et Irne Joliot-Curie (voyez fig. 11). Ce monument reprŽsente l'humanitŽ aux prises avec son destin tragique dŽcoulant de l'atome. L'artiste a Žvidemment voulu Žvoquer le spectre du danger nuclŽaire planant sur l'humanitŽ depuis la guerre de deux bombes en 1945. Cette forme de danger nuclŽaire s'Žtant heureusement estompŽe en 1990, il reste cependant qu'un autre danger de mme origine, plus subtil, s'est concrŽtisŽ en une rŽalitŽ pernicieuse: l'occultation du franais en sciences. En concluant le prŽsent article, qui tente d'Žtablir comment cette occultation rŽsulte de l'histoire de l'atome, nous avons pensŽ montrer ce monument, bien ˆ sa place pour signaler la catastrophe survenue ˆ la langue franaise.

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