SF90
Prrécédent : SF89
suivant : SF91
LISULF
Science et Francophonie
Avril 2005No 90
"L'actualité, c'est nous"
ACFAS, Patrick Andries, BLOC QUÉBÉCOIS,
Walter Davidson, Marceau Déchamps, Pierre Demers, DLF, Charles Durand, GEMS,
Claude Hagège, Frédéric Lacroix, Bernard Landry, Pierre Reid
Science et
Francophonie paraît 4 fois par année sous la responsabilité de la LISULF,
Ligue
internationale des scientifiques pour l’usage de la langue française.
1200, rue
Latour Saint-Laurent (Québec ) H4L 4S4
1 514 747 2308
c3410@er.uqam.ca Le rédacteur en chef : Pierre Demers Dépôt légal BNQ, BNC;
France, Belgique. 2e trimestre 2005 INSN.0825.9879
1
Bureau du
Conseil : Pierre Charlebois, Gabrielle Cloutier, Louis de Kinder,
secrétaire-trésorier, Pierre Demers, président, Christian Pilote, René-Marcel
Sauvé. Paul Rémillard, trésorier sortant. Grammairienne : Gabrielle Cloutier.
LISULF, 1200,
rue Latour, Saint-Laurent H4L 4S4 (Québec)
Ce numéro,
daté d'avril 2005, paraît en mars 2006. Reproduction permise avec mention de
l'origine. Publication électronique : http://www.lisulf.quebec/lisulf.html
Presses Universitaires de Montréal Édtions PUM.
PUM 2005
--------------------------------------------------------------------------------
Science et Francophonie No 90
Avril 2005. Table des matières
•1 Bureau
du Conseil
•2 Éditorial.
La langue française fait parler d'elle en France
Pierre Demers.
•3 Pourquoi
il faut défendre mordicus l'usage du français
Claude Hagège.
•4 Protocole
de Londres : un sursis au goût de victoire
Marceau Déchamp.
•5 Affaire
GEMS. Communiqué le 7 janvier 2006
Marceau Déchamps
•6 Affaire
GEMS. Communiqué le 2 mars 2006. Une grande victoire
Marceau Déchamps.
•7 La
colère de l'amiral
Maurice Druon, de l'Académie
française.
•8 Physique
et politique canadienne
Walter Davidson, ACP
•9 Science
et politique
ACFAS et Bloc Québécois
•10 L'espéranto
de Bernard Landry
Patrick Andries et Charles Durand
•11 Les
propos du ministre Reid sont inacceptables
Frédéric Lacroix
•12 Courrier
du lecteur. Quelles paroles Jean Charest? Réponse à J. R. M. Sauvé
Pierre Demers .
• 13 Rendez-vous PPF le 23 mars à midi
.
• 14 Il
y a 10 ams. Rendez-vous PPF le 23 mars 1996
Ce numéro 90 de Science et
Francophonie, daté d'avril 2005, paraît en mars 2006.
--------------------------------------------------------------------------------
2
Éditorial. La langue française fait
parler d'elle en France
Pierre Demers
Elle gagne en cour de justice
française, cette fois en cour d'appel dans cette cause gagnée en 1re instance
par les syndicats contre GEMS, Général electric Medical section. Le tribunal a
de plus confirmé le sérieux de son jugement par l'imposition d'une amende de
580000 Euros que GEMS doit verser au Syndicat poursuivant.
Les intérêts spécifiques de la
LISULF sont en cause puisqu'il s'agit de science de pointe, sinon de
publications originales. Le jugement commande la rédaction en français de
nombreuses pages.
Puis il y a une tentative -
quasi-subreptice et manquée, de faire admettre en France des brevets en anglais
: c'est le protocole de Londres, L'intervention de Claude Hagège dans Le Temps
a sans doute pesé dans la balance.
On nous apprend que l'Armée
française, dernier bastion des valeurs françaises et francophones, dédaigne la
langue de la République.
Au Québec, l'article de Denis
Monière dans notre No 88 attire notre attention sur le rapport totalement
dépourvu de soucis linguistiques des autorités québécoises STAT@Québec.
Et le courrier du lecteur de J.
R. M. Sauvé nous rend conscients de la surprenante unanimité des hautes sphères
politiques à l'égard du français scientifique ou technologique : péquistes et
libéraux affichent le même Credo. Et cela fait près de 30 ans que cela dure.
--------------------------------------------------------------------------------
3
Pourquoi il faut défendre mordicus
l'usage du français
Claude Hagège
Linguiste, professeur au Collège de France
Le Monde 28.02.2006
Un assassinat est imminent, celui
du français comme langue scientifique et commerciale. En effet, un amendement à
la (bénéfique) loi de programme pour la recherche est en voie d'être soumis
discrètement (en séance de nuit, aux effectifs réduits !), avant la fin du mois
de février, à l'Assemblée nationale. Cet amendement conduirait à la
ratification du protocole de Londres sur les brevets d'invention. De quoi
s'agit-il ? Tout simplement d'un texte qui imposerait l'anglais comme langue
des brevets, annulant l'obligation d'une traduction en français. Y a-t-il,
dira-t-on, de quoi perdre le sommeil ? Oui ! Il y a même de quoi se battre avec
la dernière énergie ! Pourquoi ? Pour de multiples raisons.
La première est que si la balance
française des brevets est en déséquilibre, ce n'est pas par défaut d'anglais,
mais à cause de l'insuffisance de l'effort de recherche et de l'esprit
d'invention, qu'on devrait éveiller résolument dès le début de l'école
primaire.
Même si l'on "oublie"
que la ratification d'un texte imposant l'anglais est illégale, puisqu'elle
viole et l'article 2 de la Constitution (sur le français, langue de la
République) et la loi Toubon, et même si l'on "néglige" de rappeler
que le passage par la Commission des affaires étrangères, ici esquivé, est
obligatoire, un fait demeure. Il s'agit d'une atteinte de plus, et énorme cette
fois, à la souveraineté de la France s'exprimant dans sa langue et, par
conséquent, le prestige de la France et son influence dans le monde sont ici gravement
menacés, sinon ridiculisés.
Malgré les attendus lénifiants
des entreprises anglophones et d'une partie du patronat français habitée d'une
anglomanie mimétique dont rien n'a jamais démontré qu'elle soit commercialement
plus efficace, le but de l'opération n'est pas de faciliter la communication ni
de donner à tous des chances égales à travers une même langue ; le but est, en
fait, d'éliminer tout statut officiel des langues autres que l'anglais dans les
secteurs où une concurrence menacerait les intérêts commerciaux des pays
anglophones, seule et unique motivation de ces derniers.
La réalisation de ce programme
est déjà fortement avancée dans les sciences, où les nomenclatures (y compris
celles de la botanique, jusqu'ici latines) deviennent anglaises, accroissant la
suprématie des chercheurs anglophones aux dépens de tous les autres.
Cette mesure permettrait aux
déposants anglophones de brevets de faire des économies (modestes, d'ailleurs,
le coût des traductions, aujourd'hui 23 euros environ par page pour un texte
d'une douzaine de pages, étant marginal par rapport à celui, élevé, des
annuités de maintien en vigueur). Les conséquences seraient d'une tout autre
ampleur pour les entreprises françaises. Dans la logique d'un dépôt en anglais,
celles-ci seraient amenées à recruter en priorité un nombre croissant
d'ingénieurs anglophones. Cela établirait une discrimination contre les
Français et compromettrait la formation en français légitimement demandée aux
cadres étrangers.
En outre, la traduction dans la
langue des pays non signataires demeurerait une charge, certes légère, mais
symboliquement lourde, la France ayant, quant à elle, sacrifié le français.
Enfin, les entreprises
françaises, en particulier petites et moyennes, n'ayant plus accès qu'à travers
une traduction aléatoirement assurée par elles-mêmes aux descriptions
techniques et aux informations scientifiques sur les innovations, verraient
menacée leur sécurité économique, et même juridique ; et cela sans parler de la
redoutable fragilisation du droit français et de l'invasion des plaidoiries en
anglais dans les cas de procès pour contrefaçons et autres abus, sachant que la
France compte environ 40 000 avocats et les Etats-Unis 2 millions au moins,
dont les tarifs seraient hors de portée des firmes les plus modestes, non
nécessairement les moins innovantes.
La France va-t-elle donc
s'engager toujours plus avant dans la voie d'un déclin annoncé, dont beaucoup
de Français se font les complices, naïfs ou trompés ? La ratification du
protocole de Londres n'améliorerait en rien la compétitivité des entreprises
françaises. En revanche, on peut garantir qu'elle conduirait au déclin de la
France face à une volonté hégémonique anglophone qui ne peut considérer qu'avec
une impatience agacée le maintien, même de plus en plus compromis, d'une
pulsion de diversification dont la France est encore, dans le monde
d'aujourd'hui, le modèle évident. Méditons les mots de grands... Américains
dont le regard n'est pas obscurci par les illusions, et par exemple celui-ci :
"La mondialisation n'est pas un concept sérieux. Nous l'avons inventé pour
faire accepter notre volonté d'exploiter les pays placés dans notre zone
d'influence" (J. K. Galbraith, illustre économiste).
Le protocole de Londres sur les
brevets d'invention doit être vu pour ce qu'il est : un acte de guerre contre
les langues et leur diversité. Sa ratification serait une erreur aussi
dramatique qu'absurde. Il est certain que face aux menaces de la violence dans
le monde contemporain, la solidarité de l'Europe et d'autres parties du monde
avec les Etats-Unis est justifiée. Mais est-ce assez pour que tous ces pays
immolent leur souveraineté linguistique, culturelle et donc, en dernier
ressort, économique et politique ?
Il existe encore en France, à
côté des masses indifférentes, un grand nombre d'esprits libres et lucides,
prêts à lutter contre les fausses fatalités. Le présent texte n'a d'autre but
que de contribuer à rallier ces énergies en apportant un petit concours à un
combat urgent et grave.
--------------------------------------------------------------------------------
Cotisation 2006, $ Can et Euros
Merci de bien vouloir verser votre cotisation
LISULF 2006
si ce n'est pas déjà fait.
25 $ ou 25 Euros, entité morale 200 $ ou 200 Euros
étudiant, 10 $ ou 10 Euros
NB, SVP. Il n'y a pas d'association viable sans membres qui
se cotisent.
--------------------------------------------------------------------------------
4
Protocole de Londres : un sursis au goût
de victoire.
Marceau Déchamps
3 mars 2006
Le 28 février a démarré, à
l'Assemblée nationale, l'examen du projet de loi sur la recherche, voté
précédemment par la commission des Finances.
Après des débats qui se sont
étalés sur trois jours, l'amendement préconisant la ratification du protocole
de Londres a finalement été retiré par le rapporteur, Jean-Michel Fourgous.
Ce retrait, que nous qualifiions
de victoire, est en partie le résultat d'une mobilisation rapide et efficace
des associations de défense de la langue française (ALF, DLF...), de
traducteurs (SFT), de traducteurs de brevets (APROBI), et de la Compagnie
nationale des conseillers en propriété industrielle (CNCPI) (ordre non
significatif).
Il est dû surtout aux députés qui
ont vigoureusement argumenté contre la ratification du protocole et il faut citer
les trois acteurs les plus actifs
- Jacques Myard ( UMP)
- Nicolas Dupont-Aignan (UMP)
- Jacques Brunhes (PCF)
D'autres députés sont intervenus
pour indiquer qu'ils ne voteraient pas cet amendement pour diverses raisons de
fond ou de forme.
C'est après un entretien avec
Bernard Accoyer, président du groupe UMP de l'Assemblée, que M. Fourgous a
retiré son amendement.
Enfin, l'article de Claude
Hagège, paru dans le journal Le Monde le 28/02, aura eu certainement une
influence favorable auprès des députés qui l'auront lu.
L'affaire n'est pas
définitivement gagnée. Il faudra continuer à être vigilant et expliquersans
relâche pourquoi cette ratification est néfaste à nos yeux, pour notre langue
et notre pays. Ceux qui y sont favorables ne sont certainement pas de mauvais
Français et beaucoup sont sincèrement attachés à notre langue. Il nous
appartient d'engager le dialogue et de tenter de les convaincre de leur
mauvaise analyse, dans le respect de l'autre et conformément aux règles
démocratiques.
Avec votre aide et votre appui
nous nous y consacrerons avec conviction..
Marceau Déchamps
vice-président
Défense de la langue française
http://www.langue-francaise.org
/Articles_Dossiers/Dos_protocle_Londres_28_02_2006.php
--------------------------------------------------------------------------------
5
Affaire GEMS
Communiqué le 7 janvier 2006
Marceau Déchamps, DLF
L'audience en appel du
procès GEMS a eu lieu jeudi 26 janvier.
Nous rappelons que ce procès
oppose les salariés de cette société américaine, implantée à BUC (Yvelines), à
leur direction pour l'absence de traduction en français de documents
nécessaires à la bonne exécution du travail. Cette action est fondée sur
l'application de la loi du 4/08/1994 (loi Toubon).
Les parties ont développé
longuement leurs conclusions (deux heures et demie de plaidoirie au
total) devant une salle pleine, occupée par des salariés de GEMS et des
représentants des associations de défense de la langue française. Le Ministère
public, qui a déposé ses conclusions seulement par écrit, appuie, à notre
connaissance, la position des salariés de GEMS.
Il est toujours difficile de
prévoir le jugement qui sera rendu mais nous sommes très confiants quant
à la recevabilité au fond.
Le jugement sera rendu le 2 mars.
Nous vous informerons dès que nous en aurons connaissance.
--------------------------------------------------------------------------------
6
Affaire GEMS
Communiqué le 2 mars 2006
Une grande victoire
Marceau Déchamps, DLF
La cour d'Appel de Versailles a
confirmé, aujourd'hui jeudi 2 mars 2006, le jugement du tribunal de Versailles
du 11 janvier 2005, condamnant la société Général electric medical systems
(GEMS) sise à Buc (78) pour non respect de la loi du 4 août 1994 relative à
l'emploi de la langue française.
La cour a condamné la société à
payer au comité d'hygiène et sécurité et au syndicat CGT la somme de 580 000
euros et a fixé à 20 000 euros, (par jour ?) la pénalité de retard à payer par
document non traduit trois mois après la signification de l'arrêt.
Cet arrêt marque une étape
importante dans l'application de la loi et doit encourager les salariés à
exiger, partout en France, l'emploi de la langue française lorsque l'emploi
d'une langue étrangère ne s'impose pas, conformément à la loi.
Nous adressons toutes nos
félicitations aux représentants du personnel de la société GEMS pour leur
ténacité, à leur avocat pour son professionnalisme et son talent, et les
remercions pour le grand service rendu à la cause de la langue française.
--------------------------------------------------------------------------------
7
La colère de l'amiral
Maurice Druon
de l'Académie française
Le Figaro, vendredi 11 novembre 2005
Quand l’armée française se laisse
imposer la langue anglaise
Il s’appelle Michel Debray.
L’homophonie n’est pas injustifiée. Il est vice-amiral en deuxième section. Il
a été commandant du centre d’entraînement de la flotte, ainsi que de l’aviation
embarquée et du groupe des porte-avions. Son avis en matière militaire n’est
donc pas indifférent.
Il vient de découvrir que, ces
jours derniers, a été inauguré à Lille le siège d’un état-major international,
sous commandement français. Or, dans cet organisme qui comprend quatre cent
vingt personnes, dont soixante-dix étrangers, parmi lesquels vingt et un
anglophones seulement, la "langue de travail" doit être l’anglais. Et
notre amiral de s’en indigner, dans une page incendiaire qu’il fait circuler et
à laquelle je pense devoir donner un écho.
"Ainsi, écrit-il, l’on
impose à des militaires français, en France, sous les ordres de chefs français,
de parler une autre langue que le français."
La Constitution édictant que la
langue de la République est le français, " les autorités qui ont mis
en place les dispositions en vigueur à Lille ont donc enfreint une règle
constitutionnelle ".
Il faut rappeler que les mêmes
dispositions sont déjà appliquées à Strasbourg, au sein du corps européen, qui
ne comporte qu’une infime minorité d’éléments anglophones, et à Toulon, dans un
état-major naval correspondant à celui de Lille.
Pour faire bonne mesure, n’a-t-on
pas équipé le magnifique amphithéâtre Foch, à l’école militaire, de fauteuils
dont les accoudoirs contiennent un dispositif de vote: "yes... no...
abstain!
Je ne puis que m’associer à la
colère de l’amiral Debray, et l’approuver quand il s’écrie: "En voilà
assez! Aux termes du règlement de discipline général dans les armées, les
militaires français doivent refuser de se faire imposer en service l’usage
d’une langue étrangère. Si l’armée française ne défend pas la France, à quoi
sert-elle?"
A mon tour, je pose une question:
"Et à quoi sert le Parlement ? " J’attends qu’un député
veuille bien se lever dans l’Assemblée pour poser à MmeAlliot-Marie, pour qui
je professe la plus grande estime, cette question d’actualité: " Sous
lequel de nos gouvernements a-t-on accepté l’obligation scandaleuse faite à nos
états-majors d’employer une autre langue que la nôtre ? Notre ministre de
la Défense a-t-il l’intention de rompre avec cette pratique et d’exige, dans
les armées, le retour au respect des règles de la Constitution?" Nous
serons nombreux à être attentifs à la réponse.
http://www.revue-republicaine.org/article.php3?id_article=0968
http://www.defense.gouv.fr/sites/terre/base/breves/ceremonie_militaire_au_cfat_et_crr-fr_a_lille/
Si l'Armée française ne défend pas la langue de la francophonie, à
quoi sert-elle?
--------------------------------------------------------------------------------
8
Physique et politique canadienne
Walter Davidson, physicien,
Président, ACP
----------------------
Le financement de la recherche
universitaire en physique se fait auprès du pouvoir fédéral du Canada en tout
mépris de la constitution canadienne et avec l'encouragement du pouvoir du
Québec. En voici une preuve supplémentaire. Le pouvoir québécois n'est même pas
mentionné.
----------------------
le 6 mars, 2006
Chers collègues
Nous sommes heureux de pouvoir
vous annoncer que le Congrès de l'ACP à l'Université Brock, inclura une session
spéciale intitulée :
" Communiquer efficacement avec les politiciens "
(voir l'information ci-bas) qui
aura lieu le lundi 12 juin 2006. L'Exécutif de l'ACP est confiant que cette
session fournira aux participants de l'information importante et utile qui les
aideront à faire des représentations efficaces auprès des personnes influentes
du gouvernement pour obtenir du support accru.
Des renseignements
supplémentaires au sujet de cette session, y compris la liste des conférenciers
(noms et biographies) seront envoyés bientôt.
"Communiquer efficacement avec les politiciens"
Comme on l'a dit à la séance sur
la politique scientifique au Congrès de 2005, le monde de la science, qui se
caractérise par ses attributs objectifs, analytiques, rationnels et
quantitatifs, n'a guère d'affinité naturelle avec la scène politique qui se
démarque souvent par ses attributs subjectifs, instinctifs, apparemment
chaotiques et qualitatifs. Si nous pouvions combler cet abîme de manière que nos
politiciens comprennent notre façon de penser, et nous la leur, alors nos
efforts seraient peut-être plus efficaces pour obtenir des engagements accrus à
l'égard de la science et de la recherche.
Si vous êtes comme la plupart des
scientifiques, vous croyez que le gouvernement fédéral doit accroître le
financement de la recherche; seriez-vous en mesure, toutefois, de justifier
avec efficacité un financement accru si vous en aviez l'occasion?
· Connaissez-vous
les considérations cruciales dont tiennent compte les politiciens et les cadres
supérieurs pour jauger les demandes de hausse de financement?
· Est-ce
que vous connaissez et comprenez les mécanismes qui servent à fixer les niveaux
de financement?
· Savez-vous
pourquoi la "commercialisation" des fruits de la recherche est
considérée comme si importante à Ottawa?
Politiciens et cadres supérieurs
s'emploient à améliorer le bien collectif lorsqu'ils proposent ou approuvent
des dépenses fédérales. Pouvez-vous expliquer pourquoi ce que vous faites a une
portée positive sur le bien collectif? Votre notion du bien collectif
coïncide-t-elle avec celle des politiciens et des cadres supérieurs?
Cette séance vise à préparer
notre collectivité à faire face, mieux que par le passé, à toute crise future
du financement et à pouvoir mieux faire valoir pourquoi des hausses permanentes
du financement s'imposent. Au plaisir de vous y rencontrer!
--------------------------------------------------------------------------------
9
Science et politique
ACFAS et Bloc Québécois
Extraits de SAVOIRS, bulletin d'information de
l'Association francophone pour le savoir — Acfas
Édition spéciale de janvier 2006
"La position des partis politiques fédéraux face à
la recherche et à l’innovation
----------------------
N. B. Dans la circonstance, les
grands partis traditionnels que sont les libéraux et les conservateurs à Ottawa
ont ignoré la question de l'ACFAS , qui portait sur la science (et non sur la
langue française).
----------------------
http://www.acfas.ca
/evenements/index.html
Dans le cadre de la campagne
électorale fédérale actuelle, Geneviève Tanguay, présidente de l’Acfas, a posé
cette question aux chefs des quatre principaux partis politiques
fédéraux :
Quel serait l’engagement
financier, organisationnel et structurel du prochain premier ministre du Canada
envers la recherche et l’innovation à court terme, d’une part, c’est-à-dire
dans le prochain budget, et d’autre part, au cours du mandat qui s’amorcera
sous peu ?
Le Bloc québécois est le seul
parti à avoir fait parvenir une réponse, par l’intermédiaire de M. Dominic
Labrie, du cabinet du chef du Bloc québécois.
Voici cette réponse :
Le Bloc québécois croit fermement
que miser sur la connaissance, la formation, la recherche, les technologies et
l'innovation permet d'accroître la prospérité tout en augmentant la qualité de
vie.
Pour cette raison, nous croyons
que le financement fédéral global en recherche industrielle est nettement
insuffisant. Dans le dernier budget, le gouvernement fédéral a bien annoncé une
hausse des sommes consacrées aux centres de recherche fédéraux, mais les sommes
investies demeurent insuffisantes.
C’est pourquoi nous demandons une
hausse substantielle des investissements fédéraux dans la recherche
industrielle, notamment dans le programme qui va succéder à Partenariat
technologique Canada (PTC).
En effet, développer un produit
de haute technologie coûte cher et prend du temps. À cette étape, le
financement gouvernemental est crucial. Le principal programme fédéral d'aide à
la recherche en industrie est PTC, créé en 1996. Par PTC, Ottawa investit dans
la recherche et le développement du produit et encaisse ensuite des redevances
lorsque le produit est commercialisé 5, 10 ou 15 ans plus tard.
Actuellement, le financement
fédéral est imprévisible et se fait au cas par cas, avec peu de critères.
L'industrie souffre de cette incertitude. Alors que le budget de PTC demeure
constant, les besoins en R-D de l'industrie augmentent chaque année. Ce
programme est donc aujourd'hui sous-financé.
Pire, le ministre de l’Industrie
a annoncé, le 20 septembre 2005, qu’il comptait démanteler ce programme pour le
remplacer par un autre. Depuis cette annonce, rien n’a été fait. Nous sommes
très inquiets, car ce programme est névralgique, notamment pour l’industrie
aéronautique. Ce comportement est proprement irresponsable vis-à-vis des
secteurs de pointe. Le gouvernement fédéral doit offrir à l'industrie un
soutien stable, prévisible et élevé en matière de R-D.
Le Bloc québécois sera très
vigilant sur cette question et il fera en sorte que le soutien aux industries
innovantes soit accru.
Le financement de l'éducation
À l'heure où l'éducation devient
le devoir le plus important des gouvernements pour permettre l'accroissement de
la richesse et l’amélioration de la santé et de la qualité de vie, l'effort
financier du gouvernement fédéral, qui passe par les transferts au Québec, est
en baisse marquée. À l’origine, la contribution fédérale représentait 50 % des
coûts de l'éducation postsecondaire. Mais elle n'est plus que de 18 %
aujourd'hui. Alors que l'éducation est une priorité pour les Québécoises et les
Québécois, leurs impôts à Ottawa servent à tout autre chose.
En fait, le gouvernement libéral
fédéral préfère créer des programmes spécifiques qui ignorent les
particularités du système d’éducation du Québec. La solution la plus simple et
la plus efficace — une augmentation substantielle des transferts au
Québec — est ignorée alors même qu’elle fait consensus au Québec.
Le gouvernement du Québec fait
face à l'étranglement financier que lui impose Ottawa et ne dispose pas des
ressources fiscales suffisantes pour assurer un financement accru du système
d'éducation québécois. Le Québec, s'il veut relever le défi de son développement
durable, doit pourtant faire de l'éducation sa priorité absolue.
Le Bloc québécois exhorte le
gouvernement fédéral à augmenter le Transfert pour l’éducation et les
programmes sociaux de 4,7 milliards de dollars annuellement et donne quatre ans
au gouvernement pour atteindre ce montant — au total, un réinvestissement
de 11,6 milliards sur trois ans, et 4,7 milliards la quatrième année et
les années subséquentes.
--------------------------------------------------------------------------------
10
L'espéranto de Bernard Landry
Le samedi 30 mars 2002
Propos de Patrick Andries et Charles
Durand.
(Patrick Andries) Si le français
est la langue commune au Québec, l'anglais représente son pont vers le monde
parce qu'il est "l'espéranto contemporain", a déclaré lundi le
premier ministre Bernard Landry, devant une assemblée d'organismes
communautaires anglophones.
(Charles Durand) Cette illusion
est assez fréquente et de conséquence néfaste au plurilinguisme.
(Patrick Andries) Après Claude
Allègre, Jean-Marc Messier (et combien d'autres ?), voici que le premier
ministre du Québec ajoute sa pierre à la construction de l'anglais
"espéranto contemporain". Il semble de plus en plus clair que
certaines personnalités du monde non-anglophone sont celles qui auront le plus
d'influence pour transformer cette fausse fatalité en vérité inculquée.
(Charles Durand) L'anglais n'est
absolument pas le latin des temps modernes et ne présente aucune des
caractéristiques de l'espéranto.
(Patrick Andries) Bernard Landry
semble ne reconnaître au français que le statut de langue de communication
québécoise, une langue à usage interne.
(Charles Durand) Cette erreur est
colossale. Monsieur Landry voit le monde à travers les lunettes d'un
anglophone, c'est-à-dire d'un colonisé.
------------------------------------------
Il y a presque 35 ans, la plupart
des facultés de sciences aux États-Unis supprimaient leur "Ph.D. foreign
language requirement". Jusque là, tout futur doctorant américain dans une
discipline scientifique devait obligatoirement prouver qu'il maîtrisait au
moins UNE des grandes langues scientifiques autres que l'anglais, et cela
suffisamment pour pouvoir comprendre sans difficulté toute publication dans sa
spécialité rédigée dans cette langue. Les langues étrangères alors reconnues
par les universités nord-américaines comme "langues scientifiques"
comprenaient généralement un sous-ensemble de langues indo-européennes
(allemand, espagnol, français, russe,.), sémitiques (arabe littéraire) et
asiatiques (japonais et mandarin).
Aujourd'hui, à quelques rares
exceptions près, ce "Ph.D. foreign language requirement" n'existe
plus dans les disciplines scientifiques. Depuis sa suppression, des pressions
directes et indirectes ont été exercées sur les congrès scientifiques internationaux
- autrefois multilingues - pour qu'ils deviennent progressivement unilingues,
et la même tendance s'est appliquée aux revues et journaux présentant les
résultats des recherches fondamentales, dans les pays anglophones comme
ailleurs. La disparition progressive des langues autres que l'anglais du
domaine de la communication scientifique internationale suivait en fait les
directives énoncées dans l'"Anglo-American Conference Report 1961".
Ce document de nature confidentielle était destiné au British Council dont
l'actuel président Tony Andrews déclare d'ailleurs sans complexe que
"l'anglais devrait devenir la seule langue officielle de l'Union
européenne" (rapporté par le Frankfurter Allgemeine Zeitung du 27 janvier
2002). Rien que ça ! Parallèlement, de nombreux laboratoires, instituts,
centres de recherche et même certaines divisions d'industries manufacturières
ont, dans divers pays non anglophones, adopté l'anglais comme langue
"officielle" de leurs activités sous la pression de leurs dirigeants
qui prétextaient des nécessités commerciales et des impératifs de communication
à l'échelle planétaire.
L'année dernière, l'Association
des universités partiellement ou entièrement de langue française (AUF) a
organisé un colloque pour évaluer les avantages et les inconvénients de cet
état de fait. Ce colloque réunissait des scientifiques, des hauts
fonctionnaires de l'Éducation nationale, des directeurs de grands laboratoires
nationaux et des linguistes. En tant que participant invité au colloque,
j'avais rédigé une communication dont une version beaucoup plus complète et
étoffée vient d'être publiée chez l'Harmattan sous la forme d'un livre de 120
pages intitulé: "La mise en place des monopoles du savoir". En effet,
un examen détaillé de la situation actuelle montre que l'adoption officielle ou
officieuse de l'anglais comme véhicule de communication internationale dans le
seul domaine scientifique entraîne un certain nombre d'effets pervers pesant
très lourds par rapport aux bénéfices que cette pratique est censée apporter à
ses promoteurs. Plus particulièrement dans le cadre universitaire, celui qui
nous intéresse, elle entraîne la formation de monopoles en opposition absolue
aux principes de libre accès au savoir dans des établissements d'enseignement
supérieur libres et ouverts.
L'actuel quasi monopole du savoir
technico-scientifique moderne détenu par les Anglo-américains - qu'il soit réel
ou imaginaire - n'est pas lié aux seuls mérites de leurs chercheurs et de leurs
ingénieurs. Dans une large part, il est la conséquence directe de l'adoption de
la langue anglaise comme langue internationale en science et en technologie,
démultipliant ainsi la visibilité du monde anglo-saxon dans ces secteurs au
détriment de celle des autres. À terme, l'usage de plus en plus répandu de
l'anglais dans les laboratoires de recherche, qu'il soit librement choisi ou
imposé, aboutit à une véritable stérilisation du processus créatif, à un
réalignement automatique sur les thèmes de recherche anglo-américains et à des
contributions presque exclusivement techniques. La pensée scientifique est
probablement condamnée à stagner tant que les langues autres que l'anglais
n'auront pas reconquis leur statut d'outil d'investigation et de communication
à part entière dans tous les secteurs de recherche.
Ce livre cible tous les
universitaires et les ingénieurs qui sont impliqués dans des activités de
recherche. Il désacralise un sujet tabou, celui de l'usage de plus en plus
répandu de l'anglais comme véhicule de communication dans le monde moderne de
la recherche. Il dénonce la culture de la naïveté par rapport à l'usage de
cette langue qui entraîne des altérations considérables dans la nature de la
démarche scientifique, sans compter les énormes privilèges économiques et
politiques (en faveur des nations anglophones) créés dans son sillage.
La mise en place des monopoles du
savoir par Charles Durand
(Éditions l'Harmattan, 120 pages,
ISBN: 2747517713)
Source : Impératif français
Voir aussi :
http://www.mef.qc.ca/francais-langue-science.htm
Le français, une langue pour la
science
http://www.voxlatina.com
/vox_dsp2.php3?art=827
------------
N. B. Au cours d'une brève
conversation, le 19 janvier 2006, M. Landry m'a dit que ses paroles avaient été
mal rapportées. Plairait-il à M. Landry de s'expliquer? Pierre Demers
--------------------------------------------------------------------------------
11
Les propos du ministre Reid sont inacceptables
Frédéric Lacroix
Tribune libre 10 juillet 2003 Impératif français
Le ministre de l’Éducation du
Québec, M. Pierre Reid, a récemment eu l’occasion de se compromettre avec
quelques propos faisant l’éloge de l’anglais comme langue
"d’échange". Propos qui n’ont pas été largement rapportés dans la
presse québécoise à part dans la Gazette qui s’est fendue d’un long article
complaisant et fort approbateur (voir l’édition du 9 mai 2003). Voici les
propos du ministre, tels que cités dans " La Tribune " de Sherbrooke
:
"L'anglais est devenu, que
l'on veuille ou non, une langue d'échange. Pas uniquement dans le monde des
affaires, mais aussi de la culture, de la science et de la technologie. Les
scientifiques en France, en Allemagne, au Japon, tous aux langues fortes,
n'écrivent pas dans leur langue natale. Quand ils écrivent dans les revues
scientifiques, ils écrivent tous en anglais. Il y a 300 ou 400 ans, les gens
écrivaient en latin quand ils désiraient se faire comprendre de tous. De nos
jours, c'est l'anglais".
Attardons-nous un peu sur ce
raisonnement, éloge de l’anglais langue universelle. L’acceptation de ce
principe par un ministre québécois de l’éducation donne le vertige. Quelle
régression! L’avalisation de ce principe réduirait à néant tous les combats que
le Québec a livrés pour siéger comme " gouvernement participant " au
sein de la Francophonie, pour intégrer une clause d’exception culturelle aux
accords de l’ALENA (sous le gouvernement libéral de Bourassa!) et aux luttes en
cours concernant les futurs accords de la ZLEA. Sans parler de tous les combats
que le Québec a livrés et livre encore pour imposer le français comme langue
publique sur le territoire québécois. Si l’anglais est la langue universelle,
quel sens cela peut-il avoir de vouloir vivre en français au Québec et de se
retrancher ainsi de l’universel?
Car l’anglais —n’en
déplaise au ministre- n’est pas le latin qui était une langue depuis longtemps
morte au moment où il s’est imposé comme véhicule de communication pour l’élite
scientifique et culturelle européenne. L’anglais est une langue vivante. Il est
d’abord et avant tout la langue de l’empire américain, le support unique de ses
œuvres culturelles diffusées partout sur la planète et le seul idiome régnant
dans ses entreprises, ses universités, ses conseils d’administration, son
armée. Le choix de l’anglais comme langue universelle n’est pas neutre, c’est
un choix qui sert la puissance américaine et expose les nations qui le
choisissent et en font la promotion exclusive à une véritable colonisation
culturelle et économique. C’est un choix qui sert en premier lieu les
entreprises transnationales en permettant d’uniformiser les marchés et de
vendre les mêmes produits partout sur la planète. C’est un choix qui rend le
fort toujours plus fort et fait disparaître le faible.
Car, pendant que tout le monde
apprend l’anglais pour "s’ouvrir au monde ", les anglophones, eux,
apprennent de moins en moins les autres langues. Signe révélateur, seulement 9
étudiants furent diplômés en langue arabe dans tous les États-Unis en l’an 2000
(Voir " A World Empire by other Means ", The Economist, 20 décembre
2001)! Peut-être cela explique-t-il certains problèmes actuels… L’anglais
n’évolue pas dans une dynamique de langue d’échange entre les peuples, mais
dans une dynamique de langue unique, étant appris de plus en plus tôt par de
plus en plus de gens, à l’exclusion d’autres langues, ce qui force la
convergence de tous les regards vers le centre, c’est-à-dire les États-Unis.
Pensons aux quelque 580 000 étudiants étrangers que les ÉU attirent chaque
année et qui apportent au pays non seulement leur capacité intellectuelle mais
également au moins 15 milliards de dollars par année en espèces sonnantes et
trébuchantes. Nombre de ces étudiants s’établissent ensuite au pays, ce qui
constitue un transfert net de matière grise du monde entier vers les ÉU. Et
ceux qui retournent dans leur pays d’origine ramènent comme bagage les méthodes
de travail, la vision du monde et les idées de leur Alma Mater. Et la roue tourne.
Pensons aussi aux coûts énormes associés à l’apprentissage de l’anglais par les
92% de l’humanité non-anglophone, coûts qui sont épargnés aux Américains. Pas
étonnant que leur économie soit plus "compétitive", ceux-ci pouvant
se consacrer aux "vrais" problèmes au lieu de gaspiller leur temps et
leur argent en coûts de traduction et d’apprentissage d’une langue à
l’orthographe et à la phonétique complexes et arbitraires. Les coûts
économiques liés à l’imposition de l’anglais sont systématiquement occultés.
Quiconque a déjà assisté à un
colloque scientifique international a pu réaliser à quel point l’adoption de
l’anglais comme langue de communication scientifique avantage les scientifiques
anglophones. Comment ne pas penser que c’est chez eux que se fait la
"vraie" science quand on compare la clarté et l’aisance d’une
communication livrée par un américain dans sa langue maternelle et le discours
souvent laborieux d’un scientifique japonais (par exemple) qui se voit forcé de
faire sa communication dans une langue étrangère. Comment ne pas penser alors
que l’Américain est pertinent et moderne et que le Japonais est vieillot et
dépassé? On appelle ça l’aliénation linguistique, forme de néo-colonialisme.
Devant cet état de fait, on
s’attendrait d’un ministre québécois de l’Éducation à une défense vigoureuse
des principes qui fondent la diversité linguistique et culturelle au lieu de
quoi celui-ci ne nous offre qu’une enfilade de clichés et de sophismes faciles
pour justifier sa démission. Car sous le brouillard et la confusion
intellectuelle qui émane du ministre Reid, on peut distinguer un agenda précis
: la soumission à une mondialisation bénéficiant en premier lieu aux milieux
d’affaires transnationaux. Comme si l’État québécois devait servir de courroie
de transmission aux décisions prises dans les conseils d’administration de
Power Corporation. Basse conception de la politique.
Une autre solution existe
pourtant à l’imposition de l’anglais. Le rêve espérantiste est plus pertinent
que jamais. L’espéranto, cette langue créée de toutes pièces, peut être apprise
cinq à dix fois plus rapidement que l’anglais pour un même niveau de
compétence. Cette langue est neutre et ne sert pas les intérêts d’une puissance
dominante. Sa structure est régulière et logique, sa prononciation et son
orthographe sont phonétiques et sa grammaire ne contient pas d’exceptions.
Avantages que l’anglais est loin de posséder! Ainsi, un étudiant peut atteindre
un niveau de compétence permettant de tenir une conversation au bout de six mois
en espéranto au lieu de 5 ans en anglais. Une conversion à l’espéranto
permettrait de mettre tous les peuples de la terre sur un pied d’égalité.
Devant tant d’avantages il devient évident que le recours à l’anglais cache un
désir de suprématie ou un désir de subordination dans l’espoir de récolter
quelques miettes de la table des puissants. Nous avons le café équitable, le
chocolat équitable, les clauses d’exception culturelle, à quand la langue
universelle équitable?
--------------------------------------------------------------------------------
12
Courrier
du lecteur*
Quelles
paroles Jean Charest? Réponse à J. R. M. Sauvé. (Réf. No 89)
Pierre
Demers
Selon moi, notre 1er ministre
Jean Charest a déclaré que l'anglais était l'espéranto de la science moderne:
je retire cette affirmation faute de pouvoir la confirmer. En revanche, 2
autres personnages politiques contemporains de partis opposés se sont chargés
de déclarer à peu près la même chose : Bernard Landry en 2002 et Pierre Reid en
2003. Voir ailleurs dans ce numéro. - On note la rareté des prises de position
de nos politiciens en faveur de l'usage du français dans les publications
scientifiques originales, à commencer par Jacques Parizeau et même Camille
Laurin, le père de la loi 101. Ce qui ne les empêche pas de voter des millions
et des milliards de dollars qui servent à accroître notre assujettissement au
pouvoir politique anglophone et impérialiste. Cela fait beaucoup de dégats à
rattraper. Un peu comme Gaspesia et pire que GM.
------------
*Avez-vous des commentaires sur le contenu
du présent numéro? Notre "Courrier du lecteur" est là pour les
accueillir.
--------------------------------------------------------------------------------
13
Paris PPF Montréal
jeudi 23 mars 2006 midi
Faisons un succès du traditionnel rendez-vous
printanier,
le 18ème,
Pasteur parlait français, aux lieux connus*,
Montréal et Paris
Info : 1 514 747 2308,
*Paris : statue Pasteur, rue du
Dr Roux, Métro Pasteur ou Volontaires
Montréal : Square Pasteur, rue
Saint-Denis, Métro UQAM
--------------------------------------------------------------------------------
Les dernières Unes
FFI - PROTOCOLE DE LONDRES
[ Paris , 05-03-2006 ] Francosphère / Anglosphère
RETRAIT DE L’AMENDEMENT VISANT À
LA RATIFICATION
DU PROTOCOLE DE LONDRES
Affaire GEMS [ Versailles ,
02-03-2006 ] Francosphère / Anglosphère
LA SOCIÉTÉ GEMS CONDAMNÉE POUR
AVOIR DÉNIÉ
À SES EMPLOYÉS LE DROIT DE
TRAVAILLER EN FRANÇAIS
--------------------------------------------------------------------------------
14
--------------------------------------------------------------------------------
précédent
SF89 SF90 suivant SF91
lisulf
30