SF76.1

LISULF

Science et Francophonie No 76

décembre 2001

76 Vie 76

 Vie de la LISULF

"L'actualité c'est nous"

Académies des sciences,

une crise chez les Canadians,

le partage // des pouvoirs

entre Québec // et Ottawa

...

ACP, Adams, AN, Bevilacqua, Edmunds, McGill, Normand, Pagtakhan, Séguin, SRC, Vincett

1re partie ...

Science et Francophonie paraît quatre fois par année sous la responsabilité de la LISULF,

Ligue internationale des scientifiques pour l’usage de la langue française.

Éditions PUM 2001

1200, rue Latour Saint-Laurent (Québec ) H4L 4S4

1 514 747 2308 c3410@er.uqam.ca Notre site : www.lisulf.qc.ca Le rédacteur en chef : Pierre Demers Dépôt légal BNQ, BNC; France, Belgique. 4e trimestre 2001 INSN.0825.9879

Bureau du Conseil : Venant Cauchy, Pierre Charlebois, Gabrielle Cloutier, Louis de Kinder, secrétaire-trésorier, Pierre Demers, président, Alice Derome, Pierre Lefebvre, Christian Pilote, René-Marcel Sauvé. Paul Rémillard, trésorier sortant

Adresse de la LISULF en France:

LISULF a/s Prof. Alain Kreisler Alain.Kreisler@supelec.fr

147, rue de Silly, 92100 Boulogne, France 33 1 45 25 86 05

Adresse pour tous pays : c3410@er.uqam.ca

LISULF, 1200, rue Latour, Saint-Laurent H4L 4S4 (Québec)

Daté de décembre 2001, ce numéro paraît le 6 juillet 2002, 150e anniversaire de la Charte royale de l'Université McGill........ ....

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Pierre-Joseph-Olivier Chauveau

Pierre Joseph Olivier Chauveau, 1820-1890, Président de la Société royale du Canada 1882-1884. http://www.parl.gc.ca/information/ about/people/key/ SP-BL/sen/sp_sen-f.asp?SP=1982



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Science et Francophonie

Table des matières du No 76

 

Bureau du Conseil...........................................................................2

 

Pierre-Joseph-Olivier Chauveau......................................................2

 

Rappel L'Université McGill a 150 ans

.....Charte royale de la Reine Victoria du 6 juillet 1852.....................4

.....Edmunds

 

Une suite à l'Éditorial du numéro 75 (Un programme de réflexion).....5

.....Pierre Demers

 

La trahison des mots........................................................................12

.....Pierre Demers

 

Affichages libres...........................................................................12

.....Bibliothèque Beaubourg Centre Pompidou

...................................Membre corporatif en 2001

....SSJBCQ Membre corporatif en 2001

.....SSJBM Membre corporatif en 2001

 

La création de la Société royale du Canada en 1882 fut-elle

un bienfait?....................................................................................13

.....Pierre Demers

 

"Les Académies canadiennes des sciences".........................................18

.....Gilbert Normand, Secrétaire d'état (recherche, science et développement)

 

Affichages libres.............................................................................19

.....PUM Membre corporatif en 2001

.....Québécium International Membre corporatif en 2001

Assemblée générale 2002, réception, 3 août 2002................................20



 

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L'Université McGill a 150 ans

Sa charte royale du 6 juillet 1852

Edmunds

Le 6 juillet 1852, Edmund signait la Charte royale que la Reine Victoria accordait à l'Université McGill, université de langue anglaise située à Montréal (Québec). Qui voudrait le traduire en français? Le document n'existe qu'en anglais. Voici son début et sa fin).

http://www.mcgill.ca/secretariat/statutes/royal/

McGill University -- Royal Charter

The Royal Charter of McGill University

VICTORIA, by the Grace of

God, of the United Kingdom of Great Britain and Ireland, Queen,

Defender of the Faith.

To all to whom these presents shall come, greeting,

WHEREAS, the Honorable JAMES McGILL, late of the City of Montreal,

in that part of the Province of Canada heretofore constituting

the Province of Lower Canada, by his last Will and Testament,

bearing date at Montreal aforesaid, the eighth day of January,

in the year of our Lord one thousand eight hundred and eleven,

did give and bequeath a certain tract of land near the said City

...

Witness Ourself at Our Palace at Westminster, this sixth day of July, in the sixteenth year of Our Reign. (1852.)

By Her Majesty's command,

(Signed,)

EDMUNDS.



 

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Une suite à notre programme de réflexion contenu dans l'Éditorial du numéro 75

Pierre Demers

Notre programme de réflexion (extraits du numéro 75)

D'une commission à l'autre :

Massey (1951)

Séguin (2002)

Un point commun : le pouvoir de dépenser

Et le pouvoir de créer une académie

Et l'entente Duplessis-Saint-Laurent

Et le pouvoir de taxer le revenu

Et le subventionnement universitaire par Ottawa

Et les Bourses du millénaire

Et la Plateforme nationale pour l'innovation (PNI)

Et la Société canadienne pour l'innovation

Et l'organisme Les Académies canadiennes

...

Ajouts à notre programme de réflexion

AN

CNSRG

CRSH

Conseil des arts

Québec

Le Rapport Séguin sur le déséquilibre fiscal entre Québec et Ottawa a été approuvé à l'unanimité par l'Assemblée Nationale du Québec. Il contient un blâme énergique contre les empiètements du Gouvernement fédéral sur les pouvoirs du Québec en matière d'éducation énumérés ci-dessus.

Ce déséquilibre, qui remonte au tout premier budget du Québec en 1868. à la première année de la Confédération canadienne, constitue un obstacle persistant à la prise en main totale par le Québec de ses obligations constitutionnlles dans l'éducation supérieure, et une excuse persistante exploitée par ses adversaires pour empiéter sur ses droits et obligations dans ce domaine. Figure 1.

Pourrait-on tirer un parallèle avec le pays du Sud, qui manquent de ressources alors qu'elles abondent dans ceux du Nord? Parallèle qui serait bien imparfait puisque les pays du Sud sont reconnus politiquement et que la misère du Québec est politique encore plus que financière.

Ottawa.1

Difficile à croire, à comprendre et à analyser : toute cette invasion systématique et anticonstitutionnelle du Québec en matière d'éducation supérieure semble dépendre d'un seul ministère d'Ottawa, le Ministère du commerce, avec de multiples programmes. Il faudrait lui consacrer une étude attentive. Quel est le budget, tiré de la taxation publique, ainsi détourné du contrôle du Québec? Plusieurs milliards de dollars annuellement. Il n'est pas facile de s'y reconnaître dans les énoncés de budgets officiels, émaillés, par des experts en relations publiques bien payés, d'épithètes auto-flatteuses.

Le budget général.

http:// www.fin.gc.ca/tocf/2001/budlist01_f.htm

Investissements stratégiques

Compétence, apprentissage, recherche, subventions, CNRC, CNRSG, CRH, recherches médicales, ICRA, FCI, Chaires universitaires, information et savoir internet, Génôme Canada, Rescol, Programme d’accès communautaire, Collectivités ingénieuses, GéoConnexions.etc

"les dépenses du gouvernement au chapitre des sciences et de la technologie s’élèvent à 7,4 milliards de dollars en 2001-2002," la distinction entre fins éducatives et autres n'est pas évidente.

http://www.fin.gc.ca/budget01/bp/bpch6f.htm#is3

Les stratèges d'Ottawa ne manquent pas de munitions! Stratèges ils sont et ne s'en cachent pas, mais leur guerre est à double objet : écraser l'ignorance oui, mais en même temps écraser politiquement le Québec. De la guerre, ils ont le nerf et des forces armées dans les citadelles; le Québec a peu de l'un et pas de l'autre.

Ottawa.2

Depuis que les lignes de l'Éditorial du numéro 75 ont été écrites et diffusées, les événements se sont multipliés sur la colline parlementaire. Non seulement les politiques prêtent aux critiques énumérées, mais les politiciens eux-mêmes sont maintenant accusés, ce qui n'augmente pas la confiance qu'ils peuvent nous inspirer. .

Des révélations, fondées sur des reportages du Devoir et présentées en Chambre par le Bloc Québécois, ont jeté le doute sur l'intégrité de deux ministres que le premier ministre Jean Chrétien s'est empressé de limoger: Paul Martin et Don Boudria. Une affaire de commandites frauduleuse; deux cent trente et un millions de dollars, distribués n'importe comment pour accroître la visibilité du gouvernement canadien. Etc. L'intégrité de Jean Chrétien est elle-même mise en cause depuis plusieurs mois. L'un des limogeages apparaît comme une manoeuvre pour discréditer un adversaire potentiel, Paul Martin, candidat à la chefferie des libéraux d'Ottawa.

Pour ce qui nous occupe vraiment, le Dr Gilbert Normand, député de Momtmagny et auteur du projet "Les Académies canadiennes" a été limogé lui aussi il y a quelque temps, avec tant de discrétion que la nouvelle, datée de janvier 2002, ne nous a été connue que 4 mois plus tard. Le "bon docteur de Montmagny", comme l'appelait Michel Vastel, n'est plus le Secrétaire d'État (sciences, recherche et développement). Son successeur Maurizio Bevilacqua, nommé sur le champ, le 15 janvier 2002, a eu peu de temps pour parler du sort qu'il réserve au projet "Les Académies canadiennes", car il a été limogé à son tour et remplacé le 26 mai par Rey D. Pagtakhan.

Pourquoi le limogeage de Gilbert Normand? Personne ne l'a accusé de manquement à l'éthique. Était-il un partisan de Martin comme chef libéral? Le trouvait-on maladroit ou trop mégalomane? Serait-ce, par impossible, parce qu'il a critiqué le Gouvernement du Québec, qui plante des affiches sur l'autoroute à l'approche de Québec, décrivant cette ville comme la capitale nationale de la nation québécoise? Voyez André Gaulin. "Gilbert Normand a-t-il la berlue "? (9 avril 2001). http://www.vigile.net/01-4/qi-flash-29.html Était-il trop pro-québécois? Michel Vastel soumet cette hypothèse.

Maurizio Bevilacqua, répondant à une question au parlement d'Ottawa, a dit quelques mots suggérant que le projet n'est nullement classé. De Rey D. Pagtakhan , on n'a trouvé encore aucune déclaration sur le sujet de "Les Académies canadiennes". Peter Adams, devant le même Parlement, en a fait l'éloge. Paul Vincett de l'ACP l'a approuvé avec commentaires.

Le projet "Les Académies canadiennes"

Ce qui est certain, c'est que cet invraisemblable projet d'académie a été formulé avec le plus grand sérieux et risque d'être ranimé, avec budgets de millions à l'appui.

Pourquoi invraisemblable?

C'est en premier lieu que l'organisation projetée n'est pas une vraie académie, il y a là un abus de langage, l'aliénation d'un vocable respectable à des fins politiques centralisatrices et mondialistes.

Bien sûr, on trouve ainsi des académes de quilles, de beauté, de massage, des génies du cinéma et de la télévision. Mais quand une académie est sanctionnée par un gouvernement, on s'attend à ce que ses membres soient élus au mérite et que le premier but des membres soit de valoriser le savoir dans l'un ou l'autre des domaines de la connaissance.

Or le présent projet propose que les membres seraient nommés par le gouvernement pour une moitié d'entre eux. Choisis "pour leur attachement manifeste au Canada". Sur quelle base évaluerait'on cet attachement? À priori, tout Canadien est attaché au Canada, savoir à la Reine; toutes les pièces de monnaie le rappellent au fond de la poche de chacun. - Occasion de patronage et de promotion de "l'unité canadienne".

Si on examine l'autre moitié des membres, on apprend qu'ils seraient des délégués venant de 3 académies, dont une seule a une existence bien établie : la Société royale du Canada. Une 2e existe depuis peu et n'est guère connue, c'est l'Académie canadienne du génie; la 3e reste à créer, ce serait l'Académie canadienne des sciences médicales. On comprend que finalement, la nouvelle Académie reviendrait à une utilisation, sous un nouveau nom et un encadrement administratif, des ressources de la Société royale du Canada.

Il y a là toutesles apparences d'une mise en tutelle de cette Société.

L'opération projetée est d'autant plus curieuse que la Société royale du Canada a acquis depuis 1999 le droit exclusif à une appellation nouvelle, une "marque de commerce" :

The Canadian Academy of sciences and humanities

L'Académie canadienne des sciences, des arts et des lettres

Le nom de l'organisme proposé prête à confusion et la confusion paraît être conceptuelle tout autant que verbale.

Le rôle principal de l'organisme serait de conseiller le gouvernement et c'est là la raison qui justifierait sa création. Or la Société royale du Canada a depuis sa fondation, parmi ses buts, celui de conseiller le Gouvernement et elle a exercé ce rôle plusieurs fois.

Invasion

Mais par ailleurs et surtout, c'est là une autre initiative du gouvernement d'Ottawa dans un domaine qui ne lui appartient pas, celui de la recherche, de l'éducation supérieure et de l'éducation populaire.

Ce qui est académique se rapporte à l'éducation.

Une fonction du nouvel organisme serait l'éducation populaire.

Encore une autre entreprise de centralisation et de détournement des fonds publics aux dépens de l'autorité du Québec sous prétexte de bienfaisance.

La création de la Société royale du Canada était un passe-droit en 1882, aussi bien que celle de l'Université McGill le 6 juillet 1852, il y a 150 ans, dans les deux cas intrusion du pouvoir royal par dessus la tête de l'autorité québécoise dans une opération de charme.

La création de l'organisme Les Académies canadiennes serait un passe-droit tout autant. Autre opération de charme au nom de la Reine. Tantôt celle de Londres, tantôt celle d'Ottawa : tantôt Victoria, tantôt Élisabeth II.

La Reine nous aime-t'elle, en cette année de joie jubilaire, où elle célèbre ses 50 années sur le trône? Pourquoi "Notre Reine bien-aimée" impose-t'elle aux Québécois ce qu'ils ne veulent pas? Figure 2.

Remarquons que cette création est encouragée par le député Peter Adams, originaire d'Angleterre, qui prêche systématiquement un rôle accrû d'Ottawa en éducation aux dépens de l'autorité du Québec.

Silencieux

Sur le sujet de Les Académies canadiennes on remarque le silence de nos députés du Bloc Québécois à Ottawa et le silence du Gouvernement du Québec. Deux députés du Bloc, alertés par nous, n'ont pas répondu.

Étonnant.

 

Fig. 1. Christopher Dunkin, le 1er ministre des Finances du Québec, en 1868. http://www.rond-point.qc.ca/ histoire/dunkin.html

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